Encore une fois je m'excuse sincèrement pour mes jeux de mot tout pourris, mais j'ai été élevée aux blagues Carambar, ça laisse des marques. Et puis j'avais pas d'inspiration aussi.
Bref...


J'ai aimé ce film, pour nombres de raisons.
D'abord parce qu'on retrouve ici le Blomkamp de District 9, film que j'avais beaucoup aimé. Elysium a pour moi été une petite déception bien qu'il possède des qualités, alors j'ai été contente de voir qu'il avait appris de ses erreurs entre temps. Et après ces trois films, je suis déçue de savoir qu'Alien 5, qu'il devait réaliser, ne verra pas le jour, je pense que tout fan qu'il était de la franchise et fort de ses qualités de réal, il aurait pu nous offrir un très bon Alien. D'ailleurs j'avais vu les artworks de ce projet, ils étaient juste géniaux. Dommage...


Mais revenons-en a Chappie. Une fois n'est pas coutume je vais commencer ma critique par le casting. Je suis très partagée sur ce sujet, je vais vous expliquer pourquoi.
D'abord, j'ai été ravie du casting: Hugh Jackman, Sigourney Weaver, Dev Patel, trois noms familiers, un gage de qualité à mes yeux. On ne présente plus les deux premiers, je n'ai donc pas besoin de m'étendre. Dev Patel en revanche, et peut-être un peu moins connu, si ce n'est pour Slumdog Millionaire dans lequel il était excellent, je l'ai pour ma part aussi vu dans Indian Palace. On ne peut pas dire qu'il ait eu une carrière aussi retentissante et médiatisée que ses deux partenaires et c'est dommage. C'est un acteur excellent, qui nous offre encore là un rôle de qualité, un personnage tout en finesse et qui évolue au fil du film (on y reviendra).
Notons aussi Sharlto Copley qui joue Chappie (et avait déjà tourné avec Blomkamp sur District 9 et Elysium - je l'ai aussi vu dans Europa Report et dans Maleficient) - il ne fait pas seulement sa voix, les mouvements du robot sont les siens (sauf les oreilles :o) , qui apportent vraiment dans l'expressivité du personnage), on peut donc juger de la qualité de son jeu.
Pour le négatif maintenant, parce que ouais. Et je pense que vous voyez qui va aller dans cette catégorie, aka les deux gros noms que je n'ai pas encore évoqué: YoLandi et Ninja de Die Antwoord. Mon dieu quelle déception... Je vous avoue que je n'ai jamais pu blairer leur musique, entre le pseudo rap gangsta et la voix de crécelle de Yo-Landi, mais d'un certain point de vue, j'aimais leur esthétique; surtout - on va dire uniquement, même - YoLandi, je trouve qu'elle dégage quelque chose de surréaliste qui me plait. Et juste pour ça, je me disait qu'ils pouvaient amener quelque chose d'assez original dans ce film.
Mais non. Enfin pas totalement, parce que tout n'est quand même pas à jeter (grâce au personnage de YoLandi qui évolue un peu et se montre assez juste dans le rôle de la maman qui guide et protège son enfant). Mais ça ne suffit pas à changer le fait que Die Antwoord joue Die Antwoord, on est absolument pas dans le rôle de composition, ils sont ce qu'ils sont, avec toute l'arrogance qui s'accompagne à cela.
D'ailleurs, ils l'étaient réellement sur le tournage, Blomkamp a confirmé qu'ils avaient été odieux, capricieux, mégalos, et il se trouve même que Ninja a agressé sexuellement plusieurs des femmes travaillant sur le tournage. Sachant cela, ça me donne moyen envie d'applaudir, n'est-ce pas.
Vous pouvez lire tout ça ici, par exemple: http://cinema.jeuxactu.com/news-cinema-chappie-le-groupe-die-antwoord-etait-ingerable-sur-le-plateau-25371.htm - constatez à la lecture de cet article que je ne fait que survoler le problème...
Résultat: Blomkamp affirme qu'il ne veux plus jamais tourner avec eux et ne veux plus jamais se trouver dans la même pièce que Ninja - je cite, quasiment.
De fait, leur jeu dans le film se ressent de cette mégalomanie et de ce côté "gangsta" surjoué qui en effet n'appartient qu'aux personnages qu'ils sont dans la vraie vie. Ca gâche vraiment le film, parce qu'il perd en subtilité et dessert le propos du film au sujet de la moralité que Chappie tente d'apprendre. Ces personnages sont unidimensionnels, sont surjoués, mais on ne peut l'imputer qu'aux membres de Die Antwoord, qui je le répète ne jouent pas, ils se contentent d'être eux-mêmes.
Heureusement que le personnage de Yolandi rattrape un peu le coche dans ce qu'il a de candide et l'importance qu'il a dans l'évolution de Chappie. Autrement je les ai autant détestés en tant qu'acteurs que comme musiciens, je ne suis pas pressée de les revoir.


Passons maintenant rapidement sur la musique de Hans Zimmer, compositeur qui sait à chaque fois proposer une composition qui reflète la personnalité du film pour lequel il travaille, on a encore une fois ici une BO qui est à la fois belle et percutante.
Côté esthétisme, là aussi on a du très bon. On retrouve un peu l'ambiance de District 9, avec des paysages que je dirai "sales", détruits, en opposition à certains lieux, ce qui en soit dénote le fossé qui se creuse entre les habitants, on ressent l'opposition des classes sociales bien mieux que dans Elysium dont c'était le thème, selon moi. L'utilisation des couleurs et de la lumière joue aussi beaucoup en ce sens, ces deux éléments permettent d'appuyer l'ambiance et les émotions. Les lieux posent en eux-même le contexte social du film, pour moi c'est une très bonne qualité, on n'a pas besoin d'en faire trop ni de dire explicitement les choses, on le ressent d'emblée. De ce fait, Blomkamp ne perd pas de temps dans une scène d'exposition, le film part de là et se déroule tout naturellement en se concentrant sur l'introduction des robots et de Chappie notamment.


En ce concerne le sujet principal de ce film, qui est donc Chappie et son évolution, j'ai été en empathie avec ce personnage, que j'ai trouvé très touchant dans sa naïveté et la façon dont il se confronte à ces choses très humaines que sont la conscience et la peur de la mort, et l'existence, ou plus précisément de quelle façon on remplit cette existence, ce qui implique d'apprendre à distinguer le bien du mal et à suivre une ligne de conduite. Tout ça nous parait plus ou moins inné parce que nous sommes guidés tout au long de notre vie, par nos parents, nos amis, mais aussi par les règles qui sont posés dans chacun des contextes de nos vies. Chappie trouve ces guides, mais comme beaucoup d'humains avant lui, il n'est pas forcément tombé sur les meilleurs parents, ce qui va complexifier son apprentissage de la vie. Son évolution se fait rapide, mais non sans déboires, ça le rend très touchant d'autant que manifestement il est doté de ce qu'on qualifie poétiquement d'âme noble et pure, ses motivations sont toujours innocentes et emplies de bienveillance. Comme un enfant, en fait. Il n'y presque aucune différence entre son évolution et celle d'un enfant humain, elle est simplement plus rapide et se fait avec un cerveau d'ordinateur.


Dans son évolution, il emporte avec lui Deon, qui part d'une motivation assez froide au départ, il veut créer une i.a. déjà parce que cela représente un défi pour lui. Ca me fait penser à son petit poster avec le chat, qui en français a été traduit par "croque la vie avant qu'elle ne te croque" - c'est un genre de motivation qui pousse à un certain égocentrisme, quelque part, parce que le message c'est bien "fonce coco, tu peux le faire", et c'est comme ça que Deon le prends. C'est pas le pur salopard égoiste de l'histoire, mais tout comme Ninja et Vincent il part avec des motivations moins candides et désintéressée qu'on peut le penser. Mais Chappie le confronte à ses responsabilités, et le fait grandir, jusqu'au point où il prend de vrais risques pour sauver Chappie et surtout son innocence, sa bienveillance, sa motivation finit par être bien plus altruiste et désintéressée qu'elle ne l'était.
Ils finissent par ailleurs comme littéralement égaux, déjà parce qu'ils se sauvent l'un l'autre, mais de façon plus littérale parce qu'ils deviennent physiquement égaux, il n'y a à ce stade plus aucune distinction entre Deon et Chappie. Et le fait que Chappie soit parvenu à comprendre la conscience et à la transférer suggère que tout ce temps, ils ont toujours été égaux, parce que le corps n'est qu'une enveloppe. Tout comme le mouton noir à toujours été un mouton au même titre que les moutons blancs, la conscience de Chappie a toujours été une conscience au même titre que la conscience des humains.


Je vais revenir sur cette empathie qu'on ressent pour Chappie - notre empathie comme celle que ressentent les personnages, d'ailleurs. Elle est très importante a mon sens, quand on traite du sujet de la conscience et de l'intelligence artificielle. C'était pour cela que David dans A.I. , Samantha dans Her, ou encore Sonny dans I Robot étaient convaincants - quand David dans Prometheus ne l'était pas autant (j'aime beaucoup ce film, mais il est vrai que ce rebot manque de relief). Ca sous-entends quelque part que "l'humanité" d'un être artificiel se traduit aussi par la façon dont on a de l'empathie pour lui, ça sous-entends qu'on le reconnait pour un être sentient et doué d'émotions qu'on reconnait. Avoir de l'empathie pour une machine, ça sous-entends qu'on la reconnait comme notre égale.
C'est particulièrement cette empathie que devrait viser tout auteur d’œuvre traitant d'intelligence artificielle, et Blomkamp a particulièrement bien réussi sur ce point.
Heureusement que Chappie reste le centre d'attention malgré Ninja et Yolandi, c'est ce qui fait que ce film reste puissant malgré leur jeu désastreux.


Ce que je trouve aussi particulièrement intéressant dans ce traitement de l'I.A., c'est son originalité, même si on peut trouver des points communs et des parallèles à faire avec d'autres films traitant de ce sujet. Je vous ai parlé de l'apprentissage de l'i.a., qui nait vierge et non programmé d'aucune façon, c'est assez inédit. Même dans Her où Samantha apprend l'humanité, les émotions, etc, elle nait programmée, déjà dotée de connaissances et de savoir. Chappie doit tout apprendre, et je pense que c'est ce qui fait que le film se démarque vraiment, Chappie est une i.a. qui s'auto nourrit, apprends, évolue, très rapidement. La question qu'on peut se poser c'est jusqu'où cela peut aller. On voit à la fin du film que Chappie a basiquement trouvé les secrets de la conscience et a ainsi pu trouver une forme d'immortalité, et si on y pense bien, c'est terrifiant. Je vais piquer une référence que j'ai lue dans une autre critique parce qu'elle est pertinente: Stephen Hawking suggère que créer une i.a. revient à annihiler l'humanité, du moins au sens où nous la concevons. La fin ouverte de Chappie nous ramène à cette question: qu'arrive--t-il après quant au devenir de l'humanité telle que nous la connaissons?
Food for thoughts, comme disent les anglais, ça nous laisse sur une remise en question de notre humanité.


Le film ne réponds évidemment pas à cette question, déjà parce qu'il n'est pas certain qu'il y ait une réponse, mais ça nous pousse à la réflexion, ce qui pour moi est toujours un bon point.


Pour la petite conclusion: très bon film, riche et subtilement mené, avec pour gros point négatif les personnages "interprêtés" par les guignols de Die Antwoord. Je suis désolée pour les fans d'être aussi sévère, je sais ce que c'est de voir quelque chose ou quelqu'un qu'on adore se faire critiquer comme je l'ai fait, mais sincèrement rien ne pourra me faire excuser ni leur non-jeu ni leur mégalomanie et leur irrespect sur ce tournage, ce qui a ostensiblement nuit au film.


Ah et je voulais partager avec vous la vidéo de Cinema Sins qui compile avec humour les petites incohérences du film - attention c'est en anglais sous-titré anglais et le monsieur parle très vite. Il y a deux trois points qui ne sont pas vraiment des incohérences et qui s'expliquent parfaitement, mais c'est pas trop grave.

Keagan_Ashleigh
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le 19 sept. 2017

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Keagan Ash

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