Alors qu'il se fait remarquer sur quelques courts métrages de qualités au début des années 2000, la carrière de Neil Blomkamp sur grand écran commence pourtant de la pire des manières notamment avec un échec cuisant sur l'adaptation du jeu vidéo Halo. Finalement c'est seulement en 2009 que le réalisateur Sud-Africain saisit réellement sa chance avec une œuvre de science-fiction à la fois surprenante et audacieuse intitulé «District 9». Rapidement la critique s’empare alors du phénomène Neil Blomkamp, certains voient même en lui le futur génie du cinéma moderne. Seulement voilà quelques années plus tard, à la sortie de son deuxième long métrage (Elysium), cette même critique devenu très certainement plus exigeante déjà s'en retrouve sceptique au point même de remettre en question les talents du cinéaste (surtout celui de scénariste d'ailleurs), la faute à un récit jugés bien trop succinct. Pour autant, le réalisateur Sud-Africain ne s’arrête que très peu aux critiques et dans la continuité des deux autres, il nous présente en 2015 un troisième long métrage science-fictionnel / futuriste intitulé «Chappie», une belle occasion aussi pour lui peut-être de retrouver un public inconditionnel.



Synopsis :



Dans un futur proche, une police quasi entièrement robotisé est mise en place pour lutter contre la criminalité. Chappie, l'un de ces droïdes est kidnappé puis reprogrammé par Deon, un ingénieur obnubilé par la conception d'une première forme d'intelligence artificielle, capable de penser et de percevoir des émotions. Mais la naissance de ce dernier est perçu en haut lieu comme une menace pour l'humanité et l'ordre établi, qui vont tout faire pour le détruire.



Points Forts :




  • Intelligence Artificielle à la sauce Blomkamp


Le sujet de l'intelligence artificielle ici évoqué dans «Chappie», n'a certes rien de très original tant le thème est récurrent dans le domaine de la Science-Fiction, mais Neil Blomkamp aborde la robotique sous un angle quelque peu différent de ses prédécesseurs, ce qui apporte un attrait supplémentaire à l'ensemble. En suscitant sans cesse nos émotions dites primaire, le réalisateur mise beaucoup sur l'affect du spectateur pour démarquer son œuvre des autres réalisations déjà bien connus du grand public. Blomkamp s'amuse autour d'un probable panel d'émotion qui se veut d'avantage plus large que ne l'aurait fait par exemple un Alex Proyas pour son robot Sonny dans «I, Robot». (Chappie grandit tel un enfant tandis que les autres récits s'appuient sur une improbable évolution de l’androïde pourtant finalisé). Ainsi donc, nos émotions évolueront tout au long du film à travers l'évolution de Chappie, qui nous apparaîtra tantôt intriguant, attachant ou drôle, le tout accompagné d'une mise en scène parfois si brutale qu'elle nous donnera aussi des moments de colère et/ou de tristesse (l'abandon de Chappie par exemple). Aussi c'est un tout autre regard sur l'intelligence artificielle qui s'offre à nous.



  • Johannesburg


Avec un tournage effectué à Johannesburg en Afrique du Sud (comme «District 9» d'ailleurs), Neil Blomkamp fait de l'univers où évolue «Chappie» un autre point intéressant de sa réalisation. Bien loin des villes classiques souvent associés à la Science-Fiction tel que Los Angeles, New York ou encore Londres, le réalisateur préfère ici s'appuyer sur un environnement certes urbain, mais beaucoup plus abrupt et miséreux qu'à l’ordinaire. Ce cadre minutieusement choisi, nous offre par ailleurs quelques plans très intéressant, souvent centrés sur des colories beige/jaunâtre et plutôt inhabituel dans les réalisations du moment.



  • Casting Atypique


Ressenti par beaucoup comme une erreur de casting et/ou un gros coup de pub pour le groupe de rap Die Antwoord, la présence de Yo-Landi et Ninja (ainsi que celle de Jose Pablo Cantillo - Yankie - qui complète le trio délinquant), est à mes yeux avant tout une prise de risque intéressante du réalisateur car le trio se veut tellement atypique qu'il ne peut que renforcer l’atmosphère prolétaire recherché par le réalisateur. Finalement, même s'il faut bien reconnaître un manque de finesse dans l'écriture de leur rôle, leur étrangeté apporteront une originalité certaine à «Chappie». D'abord imparfait, puis détestable, ils évolueront à l'image de Chappie jusqu'à en devenir attachant.



  • Motion-capture


Sans vraiment de surprise, les effets spéciaux sont une nouvelle fois soignés et totalement maîtrisés de la part de Neil Blomkamp et son équipe. Et si pour certains la maîtrise du réalisateur apparaît comme une évidence, elle est ici d'autant plus remarquable quand on sait que les mouvements de Chappie on été effectués à partir de la motion-capture



Points Faibles :




  • Science - Fiction facile


A sa dernière réalisation, Neil Blomkamp c'est vu reprocher l'utilisation un peu trop répété de facilités consternantes dans l'écriture de son scénario, le recours à des stratagèmes grossier que le réalisateur se devait impérativement de rectifier, surtout s'il souhaite être pris très au sérieux. Malheureusement pour «Chappie», son scénario n'échappera pas non plus à la facilité...


Exemple : Quant «Elysium» nous présentait sa station spatiale inaccessible, «Chappie» lui de son côté nous présente la compagnie Tetra Vaal comme une instance hautement sécurisé. Pourtant, l'un comme l'autre, on y rentre comme dans un moulin, et avec ou sans système de sécurité chacun des personnages pourra y faire absolument tout ce qu'il veut (même emprunter la clé USB la plus puissante de l'entreprise – celle permettant au robot de fonctionner ou pas).



  • Hugh Jackman au casting


Soyons honnête, la présence au casting d'un Hugh Jackman dans le rôle d'une pourriture de service, exécrable même pour sa hiérarchie, constitue en soit l'une des intrigues du films car c'est là (enfin ?) l'un de ses premier rôle en tant que méchant de l'histoire. Ici il incarne Vincent Moore un ancien militaire devenu ingénieur en robotique essayant désespérément d'imposer son modèle de droïde face à une concurrence en interne avec Deon (Dev Patel) qui semble déjà être perdu d'avance face à l'avancé technologique de ce dernier. Sur le papier rien de choquant, nous sommes ici dans du classique mais pour autant à mes yeux Neil Blomkamp et son équipe font flop, tant ils traitent assez mal la sous-intrigue autour du personnage de Vincent Moore, très caricatural et surtout dont les réels motivations n'ont aucun sens. On ne croit tout simplement pas à son personnage, et la présence d'un Hugh Jackman n'était finalement pas si indispensable, un certain Sharlto Copley aurait été tout autant préférable.



  • Clins d’œils ou plagia ?


Simple clin d’œil ou plagia quasi total de la part du réalisateur ? Le prototype de robot proposé par Vincent Moore ressemble étrangement à celui qui devait affronter le Robocop des années 80-90 (le ED-209). Aussi, autre absurdité à mes yeux, la PS4 sauveur de l'humanité... Produit très certainement imposé par Sony comme un gros coup de pub, un détail qui nuit au film bien plus qu'il ne le crédibilise.



Conclusion :



Neil Blomkamp nous laisse une nouvelle fois comme un parfum d'amertume, l'impression d'un énorme potentiel pas suffisamment exploité. Dans l'ensemble ses choix sont discutables (scénario - casting - formes des androïdes etc) mais pour autant la qualité du travail réalisé n'est absolument pas remis en question. L'utilisation de la Motion-capture est une réussite et contribue pour beaucoup à l'affect ressenti pour Chappie par le spectateur. En conséquent la réflexion sur l' I.A que nous propose Blomkamp est tout de suite plus clairvoyante, presque familière. Finalement "Chappie" se regarde comme un bon divertissement. Il faut le voir comme un film de Science-Fiction tout à fait honorable - mais sans être transcendant la copie peut paraitre rapidement moyenne pour un Blomkamp encore visiblement en rodage.

Piccolo96
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le 18 déc. 2017

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El. Piccolo

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