"Die Antwoord Robot gangsta number one : the movie "

Je l'avoue, celle-là, je ne l'avais vraiment pas vu venir.
De la part de Neill Blomkamp, je m'attendais à un film légèrement inférieur à District 9 mais tout de même plus réussi que le sympathique mais un peu inabouti Elysium vu la thématique abordée. Après avoir visionné Chappie, j'ai l'impression d'avoir légèrement sous-noté le précédent film du réalisateur car concrètement même si je ne me suis pas trop ennuyé devant Chappie, quand je commence à soupirer toutes les 15 minutes c'est qu'il y a un problème quelque part et en réalité il y en a 2 : le scénario et la présence des Die Antwoord...


L'histoire se déroule en Afrique du Sud en 2016-2017. La municipalité de Johannesburg, incapable de lutter efficacement contre une criminalité galopante, décide de passer un accord avec la puissante corporation TetraVaal afin de robotiser une majeur partie de son service de Police.
Mais l'ingénieur qui est à l'origine des robots policiers se fait royalement chier à la maison, il décide donc de créer une intelligence artificielle afin de...bah...bref il veut créer une intelligence artificielle.
Malheureusement, le jeune nerd se fait kidnapper par les anciens membres de Die Antwoord, devenus criminels, pour qu'il construise un robot capable de les aider à commettre un casse.


Die Antwoord, pour ceux qui ne connaissent pas, est un groupe de musique d'Afrique du Sud connu pour son look rap et son style graphique à la fois coloré et trash.*
Je vais vite passer sur le fait que les deux chanteurs du groupe se sont montrés insupportables sur le tournage* pour parler de ce qu'ils apportent au film : rien.
Pire que rien, du mauvais.
Mais pourquoi Neill Blomkamp est-il aller chercher ces deux tanches irascibles pour son nouveau film ?


Déjà, il faut savoir que les deux membres du groupe incarnent leurs propres rôles : Ninja et Yo-landi. Ils n’incarnent pas des personnages crées pour le film mais bien leurs personnages de scène.
C'est comme si dans Le prestige, ce n'est pas Tesla qui invente la machine mais David Bowie.
Comme ils incarnent leurs propres rôles ils ont également amené leur propre univers avec eux : des posters, aux fringues, en passant par les expressions et bien sûr leurs musiques.
Puis la cerise sur le gâteau : les deux chanteurs jouent mal...très mal.


Si Ninja, s'en sort grâce à un rôle ultra-caricatural digne de sa prestation remarquablement sur-jouée, Yo-landi est incroyablement antipathique.
Avec sa voix de gamine insupportable, ses gimmicks agaçants et son visage de jeune fille défoncée, Yo-landi n'arrive jamais à véhiculer une seule émotion.
Le pire c'est que cette dernière a un rôle central dans le film : il s'agit de la mère de Chappie, celle qui l'éduque et qui s'attache à sa carcasse.


C'est là où le scénario a commencé à me déplaire : Dans la caractérisation de ses personnages incroyablement loupés.
Yo-landi et Ninja sont de vulgaires criminels qui volent, tuent, kidnappent et pillent sans aucun remords. Le problème c'est que le film ,en deuxième partie, essaye de créer une empathie entre le spectateur et les deux personnages.
Théoriquement, je suis supposé être bouleversé par la mort de l'un deux...sauf que j'en n'ai absolument rien à foutre.
On m'a appris que voler et tuer juste pour de l'argent et par plaisir c'est mal, voir deux gangsta crétins ,incapables d’utiliser leurs cervelles plus de deux minutes, passer à la casserole me laisse complètement indifférent.


Le rôle de Dev Patel, le créateur de Chappie, s'avère complètement secondaire et raté. Malgré l'importance de son personnage, le créateur n'intervient que rarement dans l'évolution de Chappie et sa présence à l'écran s'en retrouve fatalement limitée. Sa psychologie n'est pas vraiment poussée et ses motivations reste dans l'ordre du superficiel.
Le méchant, incarné par le brillant Hugh Jackman, est, quant à lui, bien trop sadique et stupide pour vraiment paraître crédible (Kruger puissance 10).
Pour résumer, c'est un ingénieur, ancien marine très religieux, qui a crée un ED-209 pour les forces de l'ordre. Son projet est refusé car jugé trop dangereux par la police locale.
Logiquement, il est tout vénère et il décide donc de désactiver la police robotisée pour promouvoir son produit.
Dans le genre méchant très méchant, il y a une limite à ne pas franchir et le film ne l'a pas franchie...il l'a littéralement explosé ! Il s'agit plus d'un sociopathe échappé d'un asile que d'un ingénieur talentueux (Enfin si, talentueux tout de même parce qu'il invente sans le savoir, les bases de l'immortalité).


Parmi cette galerie peu reluisante de personnages sous-exploités et caricaturaux, un seul arrive à sortir du lot : Chappie lui-même.
Il faut l'avouer Sharlto Copley est tout simplement bluffant.
Avec le simple son de sa voix, il donne à ce petit robot une personnalité et un ton ahurissant de justesse. Chappie, malgré son imposante carrure, est un individu jeune et inexpérimenté. Sa naïveté est touchante et la découverte de ses émotions fait souvent mouche. Dommage de noyer tout cela dans un humour et un univers R'N'B pas vraiment des plus attirants.


Pour le reste du scénario, ça va du tenable au franchement mauvais.


Il y a de bonnes idées comme le ton assez neutre sur la robotisation de la police ou l’embrigadement vicieux de la jeunesse populaire dans la criminalité mais globalement les thèmes abordés sont, soit sous-exploités, soit amenés de façon maladroite.
Je pense principalement au transfert de conscience qui sort un peu de nulle part et apparaît plus comme un vulgaire fantasme de gamin à peine cohérent de la part du scénariste que comme une véritable piste de réflexion sur la mort, le deuil et l'incapacité de l'Homme à pouvoir y faire face. Surtout que le thème du transhumanisme ne marche pas du tout avec ce futur très proche (2016) qui se veut un minimum réaliste.


En dehors du scénario il faut l'avouer : l'univers a une sacré gueule ! Que ce soit dans l'esthétique poisseuse et aride du film ou l’atmosphère de décrépitude ambiante, la patte Blomkamp fonctionne à merveille. Pas autant que dans les bidonvilles de District 9 ou la Terre surpeuplée de Elysium mais pas loin.
De plus les effets spéciaux sont visuellement bluffants et les images de synthèses très réalistes.
La mise en scène est également assez propre avec une action lisible, une rythme fluide et une introduction qui dépote. Rien de transcendant mais rien de honteux non plus.
L'OST signée Hans Zimmer est également agréable et se démarque un peu du reste de sa production. Je regrette juste la présence un peu envahissante des musiques de Die Antwoord qui ont tendance à me sortir du film.


Chappie est très bon sur le plan technique : l'univers est soigné malgré un manque d'originalité flagrant, les effets spéciaux sont réussis et la mise en scène est plutôt bonne, mais tout cela n'arrive malheureusement pas à rattraper les carences scénaristiques du film.
Chappie avait une bonne idée de départ : la création et le développement d'une IA mais il se perd dans des thèmes intéressants mais maladroitement mis en place, des personnages creux et archétypaux, un méchant aux actions trop excessives pour être plausible, une ambiance gangsta horripilante, des dialogues limitées et un acte final déconnecté du reste du film.

Pour couronner le tout, la présence des Die Antwoord s'avère vraiment meurtrière...sincèrement j'ai envie de voir une version de de ce film sans la présence nocive de ces deux olibrius


Pas spécialement mauvais, mais pas vraiment bon, Chappie est un film de SF médiocre. Un beau plantage de la part de Neill Blomkamp.


Asarkias
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le 7 mars 2015

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