Chappie de Neill Blompkamp


avec Sharlto Copley (Chappie), Dev Patel (Deon), Hugh Jackman (Vincent), Watkin Tudor Jones Jr. (Ninja), Yo-Landi Visser (Yo-Landi)


Dans un futur proche à Johannesburg, l'insécurité est telle qu'une société développe, en collaboration avec les services de police, une série de robots-agents qui visent à rendre la ville plus sûre tout en limitant le nombre de morts au sein de ces services. Le créateur des robots, Deon, tente en parallèle de faire aboutir ses recherches sur l'intelligence artificielle ultime, qui permettrait aux robots de réagir comme des humains. À peine y est-il parvenu qu'il est capturé et retenu en otage par des braqueurs qui lui ordonne de leur remettre un robot afin de les faciliter à commettre leurs méfaits.


Après un premier film fracassant, District 9, et un second en demi-teinte, Elysium ; Neill Blompkamp revient sur le devant de la scène avec son troisième film, long métrage tiré d'un court qu'il avait réalisé quelques années auparavant. En seulement trois films, le réalisateur a su apporter à ses mises en scène sa propre signature faite de scènes d'actions surprenantes au milieu desquelles est projetée la caméra, fébrile et énergique, amenant un résultat très réaliste, voire quasi documentaire. On retrouve également ici l'omniprésence des médias que l'on avait déjà pu observer dans son premier film, ainsi que Johannesburg en tant que lieu de l'action et ville d'origine du réalisateur. Celui-ci a su également amener une marque de fabrique par la récurrence de certains thèmes tels que la confrontation entre deux classes sociales totalement opposées ou encore la mise en avant d'un personnage esseulé au centre d'une tension entre deux camps.
Malheureusement, bien que la mise en scène reste cohérente par rapport aux précédents travaux du réalisateur, elle souffre néanmoins de nombreuses failles, au même titre que le scénario. On notera en premier lieu la mise en avant excessive des personnages incarnés par le duo de rappeurs sud-africain Yo-Landi Visser et Watkin Tudor Jones Jr. qui parviennent presque a effacer l'intérêt principal du film, c'est-à-dire la présence de ce protagoniste mi-robot mi-humain qui donne son nom au film. Leurs personnages, bien qu'atypiques, ressemblent beaucoup trop aux rôles qu'ils se sont attribués en tant que chanteurs, reprenant jusqu'à leurs noms de scène ainsi qu'une partie leur parcours pour appuyer le passé de leurs personnages.

L'omniprésence du duo se retrouve également sur la bande-son puisque plusieurs de leurs titres composent cette dernière. Enfin, l'intérêt appuyé que leur voue la caméra, en particulier à l'approche de la fin du film, fait de ces deux personnages les véritables héros du film. Quant aux autres, Chappie ainsi que son créateur ou encore le bad guy joué par Hugh Jackman, qui incarne pourtant à la perfection un type de personnage qu'il n'avait jamais campé auparavant, ils se retrouvent plus ou moins relégués au second plan bien que ces personnages composent à eux trois un enjeu non négligeable du film. Inutile alors de parler de Sigourney Weaver, quasiment transparente durant l'intégralité du long métrage et dont la présence sert uniquement de faire valoir aux personnages précédemment cités. Pour conclure sur les défauts de la mise en scène, on peut voir le réalisateur se complaire à mesure que le film avance dans une mise en scène qui appuie sur l'aspect pathétique voire tragique des situations présentées, à grand ressort de ralentis appuyés et de musiques grandiloquentes, notamment à l'égard du duo de chanteurs.


En bref, Neill Blompkamp livre ici un film intéressant qui démarre sur les chapeaux de roue mais dont les aspects les plus notables, notamment sur le plan scientifique, ne sont jamais vraiment traités avec conviction au profit d'une intrigue pompeuse et ni réellement surprenante ni innovante. Le final est d'ailleurs éloquent dans ce sens, bâclant une idée scientifique intéressante au profit du sauvetage in extremis du personnage de Yo-Landi. Le réalisateur semble ainsi avoir gâché une histoire ambitieuse et digne d'intérêt au profit de la mise en avant excessive d'un duo d'amis sans expérience cinématographique pour leur seul plaisir personnel. Dommage.

Créée

le 30 avr. 2015

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