Quel étrange film que ce Chappie… Film d’apprentissage SF partagé entre la volonté d’offrir un grand spectacle d’anticipation et de creuser des thématiques fortes, il finit par se trouver le cul entre deux chaises, sans réellement savoir où aller.
Indéniablement, il porte la marque de son auteur et le style, très identifiable, de Neill Blomkamp. Une SF qui mêle organique et mécanique, renvoyant l’image d’une civilisation au bord du chaos dans laquelle deux mondes s’affrontent, las bidonvilles et les banlieues chics. L’univers est là, riche, signifiant, à l’imagerie fertile.
Le sujet est fort également et appelle à des réflexions sur des thèmes complexes et puissants à travers l’apprentissage de Chappie. Qu’en est-il de l’innée et de l’acquis ? Notre conscience se construit-elle en ligne ou en opposition avec l’éducation que l’on reçoit ? Quelle est la part du libre arbitre ? Peut-on échapper à notre condition ? Evidemment, en creux de ses problématiques se pose, comme toujours chez Blombkamp, la question des dangers du progrès technologique et de son utilisation abusive.
Malheureusement le réalisateur sud-africain choisit un traitement beaucoup trop naïf pour être convaincant, se laissant déborder par une histoire simpliste et caricaturale, se perdant dans un récit à deux vitesses (la lutte pour la protection de la ville, le destin de Chappie), bancal et mal agencé. Qui plus est, il repose sur des personnages d’une faiblesse impardonnable à ce niveau, limite ringards, sans envergure. C’est d’autant plus gênant que la qualité d’interprétation frôle le néant (comment croire deux seconde à Hugh Jackman travesti en scout régressif ?). Finalement, seul le touchant et animé Chappie s’en sort correctement.
Le propos est si mal maîtrisé qu’il peut par moment en être gênant, comme lorsqu’on peut comprendre qu’une population sans police devient forcément violente et incontrôlable (ce qui est assez paradoxal avec l’idée de dénoncer l’état policier…).
En somme, bien que pétrit de bonnes intentions, Chappie se révèle être d’une grande maladresse.