Quel étrange film que ce Chappie… Film d’apprentissage SF partagé entre la volonté d’offrir un grand spectacle d’anticipation et de creuser des thématiques fortes, il finit par se trouver le cul entre deux chaises, sans réellement savoir où aller.
Indéniablement, il porte la marque de son auteur et le style, très identifiable, de Neill Blomkamp. Une SF qui mêle organique et mécanique, renvoyant l’image d’une civilisation au bord du chaos dans laquelle deux mondes s’affrontent, las bidonvilles et les banlieues chics. L’univers est là, riche, signifiant, à l’imagerie fertile.
Le sujet est fort également et appelle à des réflexions sur des thèmes complexes et puissants à travers l’apprentissage de Chappie. Qu’en est-il de l’innée et de l’acquis ? Notre conscience se construit-elle en ligne ou en opposition avec l’éducation que l’on reçoit ? Quelle est la part du libre arbitre ? Peut-on échapper à notre condition ? Evidemment, en creux de ses problématiques se pose, comme toujours chez Blombkamp, la question des dangers du progrès technologique et de son utilisation abusive.
Malheureusement le réalisateur sud-africain choisit un traitement beaucoup trop naïf pour être convaincant, se laissant déborder par une histoire simpliste et caricaturale, se perdant dans un récit à deux vitesses (la lutte pour la protection de la ville, le destin de Chappie), bancal et mal agencé. Qui plus est, il repose sur des personnages d’une faiblesse impardonnable à ce niveau, limite ringards, sans envergure. C’est d’autant plus gênant que la qualité d’interprétation frôle le néant (comment croire deux seconde à Hugh Jackman travesti en scout régressif ?). Finalement, seul le touchant et animé Chappie s’en sort correctement.
Le propos est si mal maîtrisé qu’il peut par moment en être gênant, comme lorsqu’on peut comprendre qu’une population sans police devient forcément violente et incontrôlable (ce qui est assez paradoxal avec l’idée de dénoncer l’état policier…).
En somme, bien que pétrit de bonnes intentions, Chappie se révèle être d’une grande maladresse.

Créée

le 13 mars 2015

Critique lue 215 fois

Critique lue 215 fois

D'autres avis sur Chappie

Chappie
Behind_the_Mask
9

Un coeur dans la machine

A la sortie du film, on se surprend à essuyer quelques larmes et à faire un pas en arrière pour contempler l'oeuvre de Neill Blomkamp afin de constater à quel point sa trilogie District 9 / Elysium /...

le 7 mars 2015

97 j'aime

14

Chappie
Vivienn
5

A.I.

Neill Blomkamp est un réalisateur très intéressant. Alors que la science-fiction grand-spectacle au cinéma semble plus formatée que jamais, il est l’un des rares à s’essayer à la construction d’un...

le 5 mars 2015

49 j'aime

8

Chappie
KingRabbit
3

Wesh les mecs qui ont fait ça sont flingués de ouf ds leur tête ta vu

Honnêtement j'y suis allé parce que le titre me faisait marrer comme un con. "Chappie". Et je n'ai pas été déçu, le film est hilarant. En gros Chappie au départ, ça m'a rappelé mon chat...

le 9 mars 2015

30 j'aime

10

Du même critique

Ma Loute
Thibault_du_Verne
3

MA LOUTE – 6/20

Autant le dire d’emblée, Ma Loute m’est passé complétement au-dessus. Comédie burlesque, voir grotesque, empreinte d’une excentricité peu commune, le film de Bruno Dumont est si singulier qu’il ne...

le 23 mai 2016

42 j'aime

7

The Strangers
Thibault_du_Verne
4

THE STRANGERS – 8/20

Le mélange des genres est un exercice assez courant dans le cinéma sud-coréen (on se rappelle de l’ovni The Host de Joon-ho Bong), ce n’est pas ce qui étonne le plus à propos de The Strangers. On ne...

le 27 juil. 2016

38 j'aime

En attendant Bojangles
Thibault_du_Verne
6

Cinéma | EN ATTENDANT BOJANGLES – 13/20

Tombé sous le charme de cette fantasque histoire d’amour à la lecture du roman d’Olivier Bourdeaut, j’étais curieux de découvrir quelle adaptation Regis Roinsard allait en tirer, lui qui a prouvé...

le 22 janv. 2022

26 j'aime