Je ne connais pas vraiment Jon Favreau en tant qu'acteur, pourtant à la vue de sa filmographie, j'ai vu la plupart de ses films, mais je ne retiens que son passage dans les "Swingers", "Very Bad Things" et "Les Soprano". Puis en tant que réalisateur, je n'ai pas vraiment été emballé par ses "Iron Man" et encore moins par l'improbable "Cowboys et Envahisseurs", qui n'était pas loin d'être un nanar. Pourtant, j'avais envie de voir son #Chef, pour son casting et son côté film un peu indépendant. J'ai été agréablement surpris, c'est une comédie émouvante, qui aborde divers sujets, tout en restant léger.

Dès le début du film, le personnage de Jon Favreau, me faisait penser à quelqu'un, mais qui ? Cela va me travailler pendant un moment, avant que ses rapports avec son fils Emjay Anthony, leurs ballades et conversations, ne me donnent enfin le nom de cette personne. Il s'agit de Louis C.K., ce qui vous en conviendrez, est un sacré compliment. Un homme quarantenaire divorcé, qui a du mal à s'occuper de son fils, à la vie sentimentale plutôt vide. Alors certes, il n'a pas son côté désenchanté, le film étant surtout une success-story. Mais Jon Favreau transpose remarquablement sa vie personnelle dans ce film. Son parcours de chef, ressemble à celui de réalisateur. Dustin Hoffman, le patron de son restaurant, faisant office de producteur, lui rappelant, que tout lui appartient, qu'il est seul décisionnaire et qu'il peut le remplacer à tout moment.
Comme il est aussi scénariste et producteur, il est seul maître à bord et ce n'est pas plus mal. Alors certes, cela manque de mordant, sa critique est légère, mais il ne va pas mordre la main qui le nourrit et lui a permis de faire ce film, grâce surtout au succès des "Iron Man", la liberté a tout de même un prix.
Après Dustin Hoffman, le grand producteur, il se tourne vers un producteur indépendant, Robert Downey Jr, qui n'est pas loin de son personnage de Tony Stark. Les face à face entre Jon Favreau et ces deux acteurs, sont savoureux. Tout comme ceux avec son fils Emjay Anthony et son ami John Leguizamo.

C'est un film d'acteurs, il leur fait la part belle, sans oublier de mettre en scène sa cuisine. C'est d'ailleurs souvent une torture, d'une part car on ne peut y goûter, et encore moins les sentir, mais surtout, elles sont toujours accompagnées d'une chanson, qui amplifie le rythme des images, des couteaux, des cuissons, etc.... Le film donne envie de cuisiner et donne faim, très faim. Mais pas pour des popcorns ou M&M's, plutôt pour des légumes et viandes accompagnées de persil, coriandre, oignons, etc....délicatement découpées et frits, pour que cela fonde dans notre palais, que l'on soit fin gourmet ou pas, j'en ai l'eau à la bouche.
Le rapport père/fils est tout aussi réussi. L'émotion du film vient d'eux, de ce père absent et de ce fils, qui ne demande qu'à passer du temps avec lui, et non à se retrouver dans une salle de cinéma ou dans un grand huit, mais de vraiment faire quelque chose ensemble. C'est fait en finesse et c'est difficile, de ne pas être ému, devant l'évolution de leurs rapports.
Jon Favreau a su s'adapter à notre époque, en insérant twitter comme élément dramatique. Sa découverte de ce réseau social en compagnie de John Leguizamo et Bobby Cannavale, puis avec son fils, sont drôles. Le film ne manquant pas d'humour, sans jamais être vulgaire, se permettant un "Sexual Healing" repris pas Jon Favreau et John Leguizamo, des plus drôles et jouissif.

Mais tout n'est pas parfait, les femmes étant mis un peu de côté. En même temps, avoir Sofia Vergera m'insupporte, elle est juste belle et encore, son accent agresse mes délicates oreilles fragiles. Je ne comprends pas que John Turturro, puis Jon Favreau fasse appel à elle, son cachet ne doit pas être très élevé, sinon je ne vois pas, mais alors vraiment pas. Scarlett Johansson se fait plus rare, moins agaçante que dans ses films précédents "Don Jon" & "Under the skin" (non, je n'ai pas vu Lucy, je ne suis pas maso). Elle apporte un peu d'émotion dans son rôle de serveuse, éprise de Jon Favreau. C'est bien peu, les hommes ont la part belle et vu leurs excellences, je ne vais pas m'en plaindre.

#Chef est un film drôle, tendre et émouvant, au casting réussi, comme les dialogues, la réalisation et la photographie. Il pêche un peu au milieu, perdant de son rythme et de sa saveur, mais n'est jamais ennuyeux. Un peu simple aussi, mais évite aussi les éléments dramaturgiques classiques. C'est un film qui respire l'envie de plaire à tout le monde, en draguant l'estomac de chacun et Jon Favreau, y parvient très bien, c'est une belle réussite.
easy2fly
8
Écrit par

Créée

le 29 oct. 2014

Critique lue 340 fois

Laurent Doe

Écrit par

Critique lue 340 fois

D'autres avis sur #Chef

#Chef
EricDebarnot
5

Irritant !

Quelle initiative sympathique de la part de Jon Favreau que d'abandonner pour un temps la réalisation de blockbusters décérébrés pour nous parler de ce qui lui importe apparemment: la cuisine bien...

le 25 août 2014

21 j'aime

1

#Chef
Gand-Alf
4

Feel-Food Movie.

Amoureux de gastronomie, le cinéaste et acteur Jon Favreau délaisse un temps les blockbusters pour revenir à un cinéma plus modeste, plus personnel, à l'image de ses débuts en tant que scénariste...

le 22 déc. 2015

18 j'aime

1

#Chef
JimBo_Lebowski
5

Resté sur ma faim

Un film sur la bouffe, et accessoirement sur les relations père-fils d'un chef cuisto en perte de créativité qui va se relancer en partant sur les routes en vantant les mérites de la sandwicherie...

le 3 oct. 2014

9 j'aime

3

Du même critique

It Follows
easy2fly
4

Dans l'ombre de John

Ce film me laissait de marbre, puis les récompenses se sont mises à lui tomber dessus, les critiques étaient élogieuses et le genre épouvante, a fini par me convaincre de le placer au sommet des...

le 4 févr. 2015

63 j'aime

7

Baby Driver
easy2fly
5

La playlist estivale d'Edgar Wright à consommer avec modération

Depuis la décevante conclusion de la trilogie Cornetto avec Dernier Pub avant la fin du monde, le réalisateur Edgar Wright a fait connaissance avec la machine à broyer hollywoodienne, en quittant...

le 20 juil. 2017

56 j'aime

10

Babysitting
easy2fly
8

Triple F : Fun, Frais & Fou.

Enfin! Oui, enfin une comédie française drôle et mieux, il n'y a ni Kev Adams, ni Franck Dubosc, ni Max Boublil, ni Dany Boon et autres pseudos comiques qui tuent le cinéma français, car oui il y a...

le 16 avr. 2014

52 j'aime

8