I wanna be your dog
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le 14 mars 2018
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La peau démange, les cheveux tombent et les ongles jaunissent... La présence de Jacques déclenche chez sa femme un urticaire inouï. La maladie porte d’ailleurs son nom: une “Blanchoïte aiguë”. Certaines allergies se résorbent mais l’heure est aux dispositions sanitaires et l'éloignement des époux s’impose. Voilà le cafard sournoisement assommé et seul le spectateur y verra la violence absurde d’une séparation. Comble du drame, alors qu’il vient d’acheter un chien pour renouer du lien avec son fils, la bête meurt écrasée et il ira quand même aux leçons de dressage.
Loin d’un vieil homme et d’une épopée marine en solitaire chez Hemingway, Jacques Blanchot est un homme digne, mais dépouillé d’orgueil. Un homme frappé par l’absurde de son temps, délogé, déclassé, soumis. A l’image de cette scène où son patron s’élève et brandit un écran d’ordinateur comme un glaive pour fendre la larve, Jacques aura l’audace de ne pas résister. C’est un homme sans aucun cynisme, un homme de silence, ahuri, l’archétype de la lenteur désabusée. Et dans ce rôle Vincent Macaigne illumine de pittoresque.
La métamorphose est kafkaïenne et dans les scènes d’errance, Samuel Benchetrit rappelle le cauchemar industriel de Jack Nance dans Eraserhead (1977). Le petit patron, le brillant universitaire, la fortune de son épouse, la ségrégation administrative et Bouli Lanners, l’animalier dictatorial et morose; Jacques subit la domination des maîtres, mais son rôle de canin désenchanté le préserve de la frénésie des hommes. Lentement, il deviendra l’anti-héros d’une dystopie contemporaine.
La douce notoriété de Vanessa Paradis nourrit subtilement les rapports de force entre conjoints. Samuel Benchetrit pensera d’abord à Jean-Claude Van Damme, mais Bouli Lanners (Les Premiers, les Derniers, De Rouille et D’Os) personnifie une brute caverneuse et merveilleusement misanthrope. Preuve d’une profonde alchimie entre les acteurs, la genèse de la métamorphose: la première leçon de dressage.
D’aucuns trouveront la teneur du pitch un brin candide, mais le réalisateur compose une comédie sociale de genre, hilarante au dixième degré. La violence inattendue de la deuxième partie s'oppose à un final plus gentiment lissé, mais au fond, Samuel Benchetrit réalise une fable fabuleusement déprimante entre Becket et les dystopies SF.
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le 14 mars 2018
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