Avide de continuer l’aventure lucrative (comme s’es étonnant !), la production annonça la mise en chantier d’un troisième opus bien avant que La Poupée de Sang ne sorte en salles. Allant jusqu’à mettre la pression au scénariste Don Mancini pour qu’il leur livre un script en un rien de temps. Une commande « express » qui n’augure forcément rien de bon pour ce Chucky 3, sorti seulement neuf mois après son aîné et qui est encore aujourd’hui considéré comme le moins bon volet de la franchise initiée avec Jeu d’enfant. Après l’avoir vu, je peux comprendre que ce long-métrage ne soit pas apprécié. Mais honnêtement, j’ai vu bien pire, surtout dans le cinéma horrifique !


Il est vrai que Chucky 3 ne soit pas un film folichon, notamment d’un point de vue scénaristique. Car cela se voit que Mancini était à cours d’idée pour ce nouvel opus (avec le peu de temps qu’il avait eu pour l’écrire aussi…). Après, il faut voir les choses en face : le film précédent n’était pas fameux non plus, ne faisant que reprendre la continuité du long-métrage originel. Et bien ici, c’est exactement la même chose ! Par le plus pur des hasards, notre chère poupée Chucky est « remise sur pieds », ce qui la ressuscite, et part une nouvelle fois à la recherche d’Andy pour s’approprier son corps et redevenir humain. Bon, il est vrai que l’histoire propose quelques nuances pour emmener l’ensemble vers d’autres directions, comme le fait que Chucky doit finalement viser une autre victime plutôt qu’Andy, mais cela n’apporte strictement rien si ce n’est faire tourner une saga en boucle. Surtout si ce n’est que pour enchaîner les séquences sans réelle imagination et des personnages tous clichés au possible. Donc oui, je veux bien comprendre que de ce côté-là, Chucky 3 déçoivent les adeptes de la série.


Mais j’avoue ne pas avoir boudé mon plaisir pendant le visionnage de ce film. Oui, le tout peut paraître bêta au possible. Cependant, je trouve que le long-métrage s’en fiche royalement et poursuit sur sa lancée dans l’idée de divertir, et rien de plus. Et surtout, comparé aux films précédents, il semble bien plus assumer son postulat : celui d’avoir une poupée tueuse, ce qui est complètement invraisemblable. Du coup, il ne faut pas s’étonner d’avoir des séquences et des personnages parfois allumés, comme ce « coiffeur de l’armée » ou encore ce simili sergent Hartman pour jeunot qui fera rire (ou criser, selon les gens). Tout cela pour dire que l’ambiance de ce Chucky 3 s’en retrouve beaucoup plus relâchée que précédemment, ce qui peut sauver les meubles face à un script totalement débile et des comédiens pas crédibles pour un sou (leur surjeu peut toutefois être normal pour le coup).


Et puis, sur le plan technique, la saga ne faiblit pas. Par là, il faut comprendre que tout ce qui entoure la poupée Chucky est, une fois de plus, superbement réalisé. Que ce soit les divers effets spéciaux pour lui donner vie ou encore les effets de mise en scène (hors champs, gros plan…) permettant cela. Ou encore l’indétrônable interprétation de Brad Dourif dans le rôle du psychopathe, l’acteur s’amusant toujours comme un petit fou et jouant de sa voix pour rendre son personnage aussi jouissif qu’inquiétant. Un travail qui vaut le coup, faisant oublier une mise en scène surfaite et impersonnelle. La poupée est décidément le pilier central de la franchise et ce film, le sachant, use cet atout sans chercher à se fouler, il est vrai. Mais quelque part, c’est ce qu’on attend d’un opus Chucky, n’est-ce pas ?


Donc oui, ce Chucky 3 n’invente rien et fait faire du surplace à la saga, juste histoire de satisfaire les producteurs, désireux d’exploiter le filon jusqu’à plus soif. Mais nous sommes encore au stade où la poupée se suffit toujours à elle-même pour assurer le divertissement. Pour que ce petit film horrifique puisse au moins se regarder sans déplaisir. Son visionnage ne sera pas impérissable, certes, et vous l’oublierez bien vite. Cependant, à côté d’autres œuvres du même acabit, il vaut mieux ce Chucky 3 que bien des navets indigestes et vomitifs.

Créée

le 23 août 2016

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