août 2011:

Mon deuxième Kar Wai : encore un agréable moment.

Film en deux parties aussi différentes l'une que l'autre. Film à sketchs?

La première flirte volontiers avec la violence du mouvement comme des sentiments, et quelque part aussi qui sait, avec une certaine expérimentation. On peut se demander dans quelle mesure le cinéaste ne se livre pas ici à quelque chose de plus ludique que le genre policier veut bien le montrer. Le montage saccadé, le flou des cahots de l'image, les teintes plus sombres orientent le film vers un profil de film noir, la rousse héroïne conférant à l'histoire quelque chose de vieillot, d'archaïque, vers les années 50/60 peut-être?

Le style effronté, en même temps qu'agité de cette première partie m'a moins agacé pourtant que le jeu du pauvre Kaneshiro. M'a semblé se regarder par moments. Manque de naturel souvent.

La seconde partie est d'un tout autre acabit. C'est aussi pour cette raison que l'on peut parler aussi de film à sketchs. Il y n'en a que deux mais suffisamment éloigné l'un de l'autre que cette étiquette colle bien à la peau du film.

La rencontre est beaucoup plus douce sans être pour autant très calme. Mais ici les tenants et les aboutissants tout aussi prévisibles dans leur bonheur annoncé n'en demeurent pas moins assortis d'un charme et d'une délicatesse qui caressent le spectateur.

La caméra se veut plus câline et cherche dans les regards des personnages non plus la peur et le mal-vivre de la solitude, mais la gourmandise et la malice amoureuse.

De plus sur cette deuxième partie les deux acteurs sont épatants. Faye Wong que je ne connaissais pas est charmante, c'est peu dire.
Tony Leung Chiu Wai confirme la grande classe qui se dégage de sa personnalité, de sa gueule et de son allure.
Tous deux sont magnifiques et offrent de bien jolis moments de cinéma romantique.

Alors sans aller jusqu'à parler d'irritation à propos de la première partie, j'évoquerais plutôt une attente difficilement patiente que la seconde partie a largement fait oublier. Et pourtant, je n'ai pas le sentiment d'avoir vu un film inégal. Comme si les deux histoires s'auto-justifiaient, comme si un lien de nécessité les unissait et les fondait l'un et l'autre. Alors pas du tout film à sketchs? Est-ce qu'on a le droit de ne pas décider? A trop vouloir ranger des œuvres artistiques dans des tiroirs de catégorie, on finit souvent par se branler la cervelle.
Alligator
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le 19 avr. 2013

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Alligator

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