Love is all

Si subitement vous étiez arraché, déraciné de là ou vous viviez, qu'en serait-il du reste de votre vie ? Plus de parents mais un majordome, plus de neige dans laquelle vous aimiez vous amuser et adieu la chaleur du foyer familial. En échange de l'insouciance de l'enfance et de l'amour d'une famille, une fortune colossale, intarissable qui permet toute les extravagances mégalomanes. Mais l'agent peut-il acheter, racheter, combler le vide laissé par cette séparation à... l'amiable ? C'est ce que raconte Citizen Kane, et il le fait plutôt bien compte tenu de son époque.

Il se dégage de ce film, finalement assez triste, une vision très moderne de ce qui construit un Homme et de son attachement aux autres. Le besoin d'être aimé, d'aider quand on a déjà tout. Charles Foster Kane a tout et ce n'est pas de sa faute, de part sa fortune il tentera à mainte reprise de devenir M. Tout le monde sans jamais y parvenir. Au début du film il meurt sur son meilleur souvenir. Citizen Kane est fabuleusement moderne et visionnaire. Ce n'est pas par la simple réalisation déjà pas mal inspirée pour l’époque. Mais plutôt par l'aspect psychologique du personnage de Foster Kane, perdu dans l'enfer de son immense richesse, insatiable, il ne cessera de tenter d'être aimé.

La fin du film enfonce le clou au delà du raisonnable pour terminer le plus dramatiquement possible. Citizen Kane est le porte étendard du drame dans toute sa splendeur sans lourdeur, sans en faire trop en étant juste au point de ressentir le vide que cet Homme tente de combler. Après, chacun n'a pas la même sensibilité et certains trouveront ce film largement trop surestimé, c'est compréhensible. J'ai toutefois envi de dire que c'est peu être par manque d’empathie que certains passent à coté. Pourtant Citizen Kane vous prend par la main pour vous faire vivre l'enfer de cet enfant déraciné. Dites vous qu'à l'image de Foster Kane certains n'ont pas eu cette chance.