'Cause I can't get no !

Citizen Kane : LE film culte par excellence, considéré par une grande majorité comme une des plus grande (si ce n'est la) révolution du cinéma, ou encore un chef d'œuvre intemporel, le meilleur film de tous les temps. Voilà de quoi intriguer n'importe quel petit amateur de cinéma ayant un minimum de curiosité et de maturité.
Autant dire que je partais d'un étrange mélange de préjugés sur le film : Je me disais qu'il fallait bien une raison pour que tout le monde mette ce film au stade de divinité absolue, ce qui augmentait grandement mon désir de le voir d'où émanait une sorte de profond respect issu du fait d'avoir survécu au test du temps, en plus que bon « meilleur film de tous les temps » ça en jette, c'est imposant, ça se respecte. Mais à ceci se mélangeait aussi une sorte de dégout teinté de scepticisme : Tout ce qui est adulé est souvent adoré sans raison, par de vils moutons qui ne font que suivre les autres ; alors quand je pose la question : ''Ah et qu'est ce qui fait de Citizen Kane un film puissant ? '' Et qu'on ne peut me répondre que : ''C'est super profoooond... tu sais ?'' Eh bien c'est mal parti. Donc un mélange entre respect pour son titre et dégout par un soupçon qui me disait que ce titre ne lui revenait pas.
Mais bon un must c'est un must, alors j'ai fini par le voir ce Citizen Kane. En bref : Le film commence par la mort de l'archi multimilliardaire Charles Kane. Des journalistes veulent un article original sur l'évènement et décident de faire une investigation sur le dernier mot du décédé : Rosebud. A partir de ceci nous allons voir qui fut Charles Kane, ses tourments, ses plaisirs, sa vie.
En un mot : Overrated.

Citizen Kane est loin d'être un mauvais film, il est d'ailleurs pour moi entre bon et très bon, mais de la a le considérer meilleur film de tous les temps il y a un grand pas. Apres avoir vu le film, je vais donc faire un tour sur SensCritique, parce que je ne comprends décidément pas ce qui peut bien le mettre unanimement au stade de meilleur film de tous les temps, je lis des critiques, je fais des recherches sur Google, et paf je suis consterné.
Citizen Kane peut être considéré le meilleur film de tous les temps, mais vu la justification de certains, il ne devrait pas être adoré. Alors oui, Citizen Kane EST une énorme claque pour son époque, introduisant plein de nouveaux angles, de nouvelles techniques de cinéma et je ne sais quoi et c'est pourquoi il peut clamer être la meilleure des œuvres, mais ceci n'est que technique. En lisant les « Pourquoi Citizen Kane est le meilleur film de tous les temps » je me rends compte qu'il est adulé pour sa forme et non pas pour son fond, il est adulé pour avoir été la grande révolution cinématographique, mais bon je doute sérieusement que beaucoup de gens sur SensCritique aient été présent au cinéma en 1946 pour recevoir cette gifle. Alors oui, il y a du grand respect pour ce qu'il a apporté au septième art, mais cette baffe est passée et est restée dans les années 40, si ce film pourrait être considéré un chef d'œuvre intemporel il doit aller plus loin, il doit être superbe au niveau du fond, du message et de sa portée, et bon vu les critiques, vu les justifications, tout le monde s'en fiche.
L'adoration devrait provenir du sentiment personnel que l'on tire de notre interprétation, mais quand je lis les explications sur ''Citizen Kane c'est le must'', eh bien je ne trouve rien de cela, il semblerait sincèrement que l'admiration, le culte de Citizen Kane est quelque chose qui a totalement dégénéré et aujourd'hui on ne fait que répéter ce que les plus ''intelligents'' racontent (parce qu'être intelligent c'est à la mode, il parait).

Et alors c'est quoi Citizen Kane ? Eh bien pour moi, c'est un film pas mauvais, pas aussi profond comparé à ce que je m'attendais, mais qui n'est tout de même pas décevant.
A mon avis, Citizen Kane c'est une thèse sur l'insatisfaction, sur les apparences (qui, on nous le répète 50.000 fois, sont trompeuses), bourré de superbes répliques qui méritent d'être citées parce que si on médite dessus elles s'avèrent bien lourdes en signification en plus de péter la classe. En accord avec ce que sont les thèmes principaux du film, voici la réplique la plus importante, que l'on nous répète maintes fois durant le long-métrage :

''The only thing Charles Foster Kane wanted out of life was love. That's his tragedy. You see, he just didn't have any to give"
''La seule chose qu'a voulu Charles Kane dans la vie c'est de l'Amour. C'est sa tragédie. Car, voyez vous, il n'a jamais pu en donner''

C'est à partir de cette phrase que l'on comprend que le film traite sur l'insatisfaction du matérialisme : Charles Kane a tout ce que l'average joe pourrait désirer : De l'argent, du pouvoir, des femmes, des fidèles...
Et à travers les flashbacks du film, nous constaterons que Kane meurt seul et malheureux dans son palais entouré uniquement des statues qu'il collectionne (ce qui est à mon avis une très belle métaphore). L'argent ne fait donc pas le bonheur : Kane est un homme énergique et actif, s'impose toujours des objectifs, ce qui nous prouve qu'il est constamment insatisfait, est toujours à la recherche de quelque chose qui pourrait lui apporter le bonheur. Cette quête de vérité est très bien mise dans le film, encore une fois grâce à une métaphore : Kane est le propriétaire d'un journal (The Inquirer) qui ressort du lot par ses engagements, ses dénonciations et ses polémiques. Le personnage principal durant tout le film est confronté à des échecs cachés sous des victoires, a des insatisfactions : Kane ne trouvera le bonheur ni dans l'argent (il possède une énorme fortune), ni dans la vérité (à travers son journal), ni dans la communauté (il défendra les travailleurs), ni dans ses amis, ni dans ses amours.
Il est effectivement dans une recherche constante d'amour, il le cherche dans le peuple, dans ses collègues, dans ses proches et dans ses épouses ; Mais Kane est incapable d'en donner, de cet amour si précieux (qui le conduirait au bonheur) car réalisant à quel point il est facile que l'affection tourne en haine à travers plusieurs expériences, il développe un traumatisme qui l'empeche d'aimer.
La force de Citizen Kane, pour moi, est donc nous montrer comment l'homme est constamment confronté à l'insatisfaction issue d'une recherche (vaine ?) de bonheur, et que c'est cette insatisfaction qui finalement, produit la grandeur, nous fait aller de l'avant. Elle serait donc nécessaire à construire le monde, ce qui implique que le malheur (et peut être même finir par mourir malheureux) serait donc un bien pour la construction et le développement.

Alors, le bonheur ne viendrait finalement que des souvenirs, du célebre : ''Rosebud''.