Hors courriel, exfiltrer l’authenticité via un film, mettre à découvert les concierges étatiques, au sortir d’une clandestinité de deux ans, viser le niveau ininterceptable, viser l’indécrypté, ou bien voir toute sa vie violée par la NSA. En révélant les failles d’un système, Snowden devient le casse-tête wanted, cet informaticien lisse et anodin, contient, par sa sollicitude acérée, la connaissance de tout le processus d’espionnage mondialisé visant les métadonnées à même de tracer chaque citoyen, dans ses habitudes les plus reculées. Face aux futures perquisitions-intimidations, il sera secondé par Glenn Greenwald, journaliste au Guardian, depuis Hongkong, loin de toute loi martiale, pour se couvrir d’un voile rouge et crypter dans un premier temps la vérité, car la justice n’est pas la sécurité. Il décrira depuis une chambre d’isolement hors-temps ce qu’est Tempora, ce programme de surveillance électronique du GCHQ, qui, via une agence britannique, espionne toutes les données téléphoniques et informatiques transitant par les deux cent câbles sous-marins en fibre optique s’étirant discrètement entre l’Europe et l’Amérique, puissants de 21 pétaoctets rutilants d'un totalitarisme dédié au culte d’une ignoble transparence tentaculaire. Il décrira aussi XKeyscore, qui file chaque connexion, souillant particulièrement toute l’Amérique latine de ses intrusions aux mille serveurs collabos aliénateurs. Snowden, c’est un peu l’imminence d’une épiphanie informatique, d’une révélation révélante : la distance est à prendre avec chaque mobile, chaque portable, chaque carte bancaire, chaque puce, chaque drone, du plus miniaturisé au plus grossier, sous peine d’y perdre sa propre trace dans les filets d’un monde contraint de s’ouvrir à découvert, comme une huitre écaillée, impuissante et blessée sous un regard vicié. Mais attention, une huître, ça peut mutiler un bras, une vie, quand on rate l'ouverture.