City on Fire
7.3
City on Fire

Film de Ringo Lam (1987)

Encore sur le carreau après un dénouement qui, à l'image du film, on n'attendait pas forcément au tournant. Car si la base de City on Fire est peu originale en reprenant l'idée du flic infiltré, on nous gratifie en contre-partie de ruptures de ton étonnantes, conduites par un Chow Yun Fat "on fire" comme jamais qui semble s'amuser comme un petit fou, je pense surtout à ses séquences tournant autour de sa fiancée, dignes d'une comédie HK pur jus. Ainsi, même si le début nous avait préparé à un univers dur et froid (chose que Infernal Affairs sublimera par la suite), cette touche de légèreté, loin d'être gratuite (et même "fun" en soi), permet de brouiller les pistes concernant l'orientation de l'intrigue, et aussi de construire les dilemmes de son personnage principal, tiraillé entre sa vie personnelle, son devoir de policier, et son amitié avec l'un des voleurs (Danny Lee, toujours au top), de façon plutôt surprenante.


Ensuite, si dans le genre John Woo est remarquable par sa vision pyrotechnique de l'action, Johnny To par son style millimétré et presque abstrait, Ringo Lam n'est pas en reste. Car même s'il n'est pas un technicien aussi démonstratif que ses petits copains, il sait rendre le tout vitaminé et rythmé sans trop forcer, avec un sens du cadre éprouvé (John Woo n'est pas le seul à maîtriser ce fameux plan où tous les protagonistes se pointent un gun sur la face de manière croisée). Certes, les séquences d'action se comptent sur les doigts de la main, mais c'est pour mieux se concentrer sur les personnages et leurs relations, caractérisés au poil, et la tension qui les habite. Il n'oublie pas pour autant l'amateur de poudre avec un climax tendu (ce déséquilibre des rapports de force de fous furieux !) et de sèches saillies de violence, qui seraient complètement jouissifs si les enjeux n'étaient pas aussi dramatiques.


Ce film n'est pas pour autant parfait. Le casting est inégal, on aurait apprécié plus de Danny Lee (son amitié avec le flic est trop vite expédiée, même si elle n'est pas dénuée d'intensité), et le sentiment de manque de moyens durant quelques scènes est parfois bien visible. Mais c'est ce qui fait aussi le charme de ce genre de production, qui compense par une certaine liberté dans la façon de faire, comme de passer d'un registre à l'autre sans crier gare (et en plus d'imprimer une dynamique intéressante, ça sert le fond identitaire à tendance schizophrénique). Des petits défauts de conception qui ne pèsent donc pas lourd face à l'énergie et l'âme qui habitent ce polar HK bien trempé et typique des 80's, qui auront vu émerger l'un des meilleurs réalisateurs de cette époque, trop souvent oublié derrière l'ombre imposante de ses condisciples.

Arnaud_Mercadie
8
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le 10 mai 2017

Critique lue 293 fois

Dun

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