Devenir un homme, part deux

Je n'ai rien contre les suites ; et même, parfois , je suis carrément content qu'il y ait une suite. Y a plusieurs raisons à cela. Je ne vais pas toutes les énumérer. Dans ce cas-ci, j'ai beaucoup aimé "Summer of '42" pour ce qu'il proposait. Etant donné que c'était biographique, une suite pouvait s'avérer intéressante, afin de savoir ce qu'il advient des personnages tout en supposant que ça ne serait pas une redite du premier film. Cela me fait un peu penser à "Hope and glory" suivi de "Queen and glory", sauf que l'ellipse est beaucoup plus importante dans ces films très personnels de Boorman. Ici, l'histoire se déroule deux ans après le premier film seulement, ce qui ne laisse pas beaucoup de place pour un développement hors champ, mais ça reste suffisant pour voir les personnages d'un œil un peu différent.

L'intrigue est intéressante. Elle diffère ne fut-ce que pour le lieu : d'une petite île ne comportant qu'une poignée d'habitants durant un été on passe à la grosse ville universitaire durant quelques mois d'une vie scolaire. Malheureusement, il n'y a pas d'objectif principal, ce qui fait qu'on passe d'une scène à l'autre sans trop savoir ce qui adviendra par après (bon il y a tout de même une continuité logique, quelques petits fils conducteurs dont toujours la sexualité). L'auteur amène une évolution express à la fin grâce à un événement qui prend beaucoup de place, mais cela déçoit un peu : on sent la fin facile. Heureusement, le reste est plutôt bon : certes, c'est un peu décousu, mais les scènes sont bonnes et semblent dépeindre la société adolescente de l'époque. Nous sommes donc toujours dans un teen-movie, sauf qu'on déplace l'action dans les fraternités, concept qui rapportera un paquet d'argent dans les années 80 puis 90 et surtout 2000. Rien de neuf, sauf que ça se passe dans les années 40, c'est vraiment le point fort. Et puis les personnages sont toujours intéressants. Dommage que Benje disparaisse si vite (encore plus vite que dans le premier film).

Si j'étais confiant sur le scénario (après tout c'est le même auteur qui poursuit son histoire autobiographique), je redoutais la mise en scène : j'aime beaucoup Mulligan et je ne connais pas ce Paul Bogart (il a réalisé "The torch song trilogy" que je possède mais que je n'ai pas encore vu - ça a l'air pas mal et en plus y a mon chouchou Broderick) ; et bien j'aurais été idiot de renoncer à ce film sur ce simple fait. La mise en scène est différente de celle de Mulligan, heureusement j'ai envie de dire, c'est plus classique, mais c'est efficace. Le rythme narratif est différent en plus, et sied davantage à ce genre de réalisation moins féerique, moins contemplative. La bonne surprise, c'est que les trois acteurs ont amélioré leur jeu : les grimaces de Hermie sont toujours là pour notre plus grand plaisir, mais il s'affirme, il paraît moins maladroit. La musique fonctionne assez bien aussi.

Bref, "Class of 44" est un bon petit teen movie, avec ce qu'il faut d'humour et de tendresse. La fin déçoit un peu ainsi que le manque de structure, mais le film contient suffisamment de bonnes idées et de bonnes scènes pour tenir la route. Et franchement, j'aurais bien aimé qu'il y ait un troisième volet, même si cette suite est déjà moins autobiographique ; ce qui compte, c'est de retrouver les personnages X années plus tard. Un peu comme la trilogie des "Before..." sauf que le fait de les voir ado pour commencer est vachement plus intéressant.