Quel beau bordel ! Et à quoi doit-on tout ça ? A la déchéance de l'homme qui au lieu de se bouger pour tenter d'améliorer les choses préfère se retourner la tête et faire la fête pour oublier que c'est la merde dehors et surtout que c'est la merde à cause de lui.
Dehors c'est la merde : une tempête de neige enclave cette salle de danse brûlante où des jeunes ont choisit de fêter la fin des répétitions. "La nuit est chaude, elle est sauvage", et la lumière brumeuse et pesante (rouge, jaune, vert, bleu) n'est pas la seule responsable de cette ambiance malaisante. Il y a ces corps en mouvement, l’alcool qui monte (una sangria caliente), et la drogue qui circule au dépend de la plupart des fêtards. Je ne leur en veux pas de se vider la tête, de jouer la carte de l’insouciance, de faire les inconscients, du moins le temps d’une soirée… Qui serai-je pour les juger et à mon âge en plus ? On a tous besoin de lâcher prise. Cependant il faut prendre ses responsabilités : qui a dit que la décadence ça n’était pas mortel ?
Attention spoilers
Justement, ce qui est mis en cause c'est la responsabilité. Qui est responsable du taux de substance illicite qui dévale le corps des danseurs ? Qui est responsable de l'enfermement d'un gamin de six ans dans une pièce de trois mètres carrés ? Qui est responsable de la grossesse de Lou ? Responsable de la brûlure ? Des griffures ? Des insultes ? De l'inceste ? En bref, qui a provoqué cette descente aux enfers collectives à laquelle le spectateur assiste passivement ?
Passivement... si on veut. La caméra épaule étant la technique de capture la plus utilisée dans le film, le spectateur est souvent au coeur de l'action. Comme les jeunes, il a la tête qui tourne, la tête à l'envers. La bande-son n'y est pas pour rien : une ambiance de boite de nuit incessante, prennante, brutalisante. Le terme n'aura jamais été aussi bien choisi quand on voit ce que sont capables de s'infliger des gens qui avaient pourtant l'air de beaucoup s'apprécier au début. A quel point les relations humaines sont-elles fragiles ? Au bout de quelle limite un frère et une soeur ont-il droit de s'aimer ? Jusqu'à quand on est bien avant d'être bourré, et jusqu'à quand on est bourré avant d'être dans le mal ? A partir de quand une lame dans la peau ça fait hurler ? C'est sûrement la caméra en vue du ciel qui nous permet de prendre du recule sur ce carnage et de nous rendre compte à quel point c'est... pathétique. Je dois dire, même si tout le monde se tape de ce que j'aime, que j'ai beaucoup aimé les prises de vue de ce long-métrage. J'ai aimé toute son originalité technique (plus que son originalité scénaristique). Passer d'un personnage à un autre, sans transition, d'une conversation à une autre sans lien ou presque, c'est comme... vouloir saisir un instant T sachant que le temps continue de défiler dans la pièce d'à côté ! C'est le genre de chose qu'on ne voit pas dans les films d'habitude. Un film maitrise toujours le temps. Mais pas Climax. D'ailleurs... combien de temps dure cette soirée ?!
La réalisateur passe son temps à franchir la barrière entre la fiction et le documentaire, entre le réaliste et le réel. Alors on pouf, on éclate de rire, on se cache de honte, on se tord le ventre, on serre les dents et puis on sourit aussi. Devant un tel massacre je souris et je suis fière de dire que c'est français. Au revoir le cliché de Français bobo sur les bords, amoureux du vin et du pain ; bonjour au Français toxicoman, dépendant (de tout) et complètement irresponsable. Pas sûre qu'on gagne au change... Mais je crois que c'est plus proche de la réalité. Ce huit-clos psychédélique aura mis le doigt sur le problème de la génération Y. Indécise devant la multiplicité des possibilités, elle a sombré dans la folie et dans la noirceur.
Ca fait peur pour la suite...
[Je pense qu'il vaut plus que 6/10, mais pour conditions de visionage non-idéales, note approximative]