Un jour d’hiver, des danseurs répètent une chorégraphie endiablée dans un lieu isolé. Mais de l’acide ajouté à la sangria du buffet va transformer la fête en cauchemar éveillé.
Une femme éplorée s’avance péniblement dans un paysage blanc. Elle s’écroule et hurle son désespoir. Vu du ciel, l’ange déchu qui s’agite encore a du rouge sur les ailes. Le sang macule la neige. Bienvenue dans le monde de Gaspard Noé où le plus beau côtoie le pire.
Des scènes de casting, qui donnent un prénom et un semblant d’épaisseur aux personnages, posent le décor. Un mur de livres et de vidéocassettes rappelle les sources d’inspiration du réalisateur : Un chien andalou, Suspiria, Possession, Suicide, mode d’emploi…
Entrez dans la danse. Sur une musique de Cerrone, les pantins sans ficelles désarticulent leurs nuques, bras et jambes, à la vitesse de la lumière. La caméra s’envole, le plan-séquence est maîtrisé et les gestes virtuoses électrisent. Vive la transe !
« Enter the void ». Quand les danseurs ouvrent la bouche, c’est toute leur superbe qui s’effondre avec eux. Mal, ils alignent, devant un rideau tricolore, des banalités sur la nation, le sexe, l’amour et la drogue, encouragés par de furtifs intertitres : « Naître est une opportunité unique », « Vivre est une impossibilité collective » et « Mourir est une expérience extraordinaire ». S’ensuit une longue et irréversible descente dans l’enfer de l’ennui, parsemée de scènes plus indigestes que provocantes, et plombée par un fond sonore devenu insupportable.
Si l’intention de Noé était de nous éclairer contre les effets néfastes du LSD, c’est plutôt réussi. Mais si son trip, très fier d’être français, voulait passer pour un climax cinématographique, c’est juste raté.
4/10
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