Que reste-t-il de Pixar ? Si le studio avait atteint son acmé artistique avec le troisième opus de la trilogie Toy Story au début de la décennie, force est de constater qu’il ne reste aujourd’hui plus grand chose du Pixar des années 2000 — si l’on fait exception de Vice Versa en 2015 et son système usinier. Coco succède ainsi à Cars 3 qui parlait déjà à sa manière de vieillissement et de potentielle disparition (de fantôme, donc). Pixar a conscience dès 2010 que les enfants de Toy Story ont grandi, même constat pour ceux du premier Cars ; comme si les protagonistes-jouets des deux trilogies prenaient soudain conscience de leur possible obsolescence, programmée par le vieillissement de ceux qui autrefois les faisaient vivre par leur regard.
Ce tournant mélancolique — qui au fond a toujours été le supplément d’âme de Pixar face à la maison-mère Disney — n’épargne donc pas Coco. Le jeune Miguel, secrètement passionné de musique décide de braver l’interdit familial pour devenir artiste ; ses proches voyant d’un mauvais oeil le fait qu’il emprunte la voie d’un de ses aïeuls, grand musicien en son temps qui préféra la gloire aux devoirs de pater familias. Pour cela, Miguel doit traverser le monde des morts où lui sera révélé un secret qui relie les deux espaces qu’articule le film. Deux mondes ; voilà un des motifs pixariens les plus identifiables qui coupe littéralement les films en deux parties que les personnages doivent traverser de part en part. Faire l’expérience de cet autre monde c’est souvent faire l’expérience de l’altérité — motif qui rapproche les films Pixar de l’oeuvre de Steven Spielberg et qui décidément, à quelque chose à voir avec l’enfance. Cars et Wall-e en sont deux beaux exemples, à mettre en parallèle avec Coco : Wall-e quitte la solitude de la Terre pour retrouver sa bien aimée mécanique Eve à l’autre bout de l’espace et Flash McQueen fait l’expérience de l’humilité au contact d’une communauté reculée tout droit sortie de l’Americana. Un premier mouvement, centrifuge, le second, centripète.
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