Deux idées sous-tendent Colossal : d’une part, la plus petite action humaine, aussi infime puisse-t-elle paraître aux yeux de celui ou de celle qui l’effectue, peut avoir des retombées gigantesques, voire catastrophiques. D’autre part, un ressentiment ancré dans une détestation croissante de soi et une jalousie à l’égard de la personne qui en est à l’origine ne se panse pas avec les années, a même tendance à s’amplifier. Curieuse histoire de Kaijū qu’est Colossal, un film de monstres intimiste où s’entremêlent les tonalités pour aboutir à chanter les bienfaits de la différence contre le conformisme représenté par le petit-ami. Et il réussit à intriguer du début à la fin, en dépit d’une impression constante de fumisterie générale qui peine à rendre cette histoire crédible. C’est dire que le personnage principal, incarné par Anne Hathaway, s’avère difficilement saisissable ; et si opacité et profondeur lui sont préservées, cette distance peine à émouvoir un spectateur tenu à l’écart de son support émotionnel privilégié. Des effets visuels d’excellente qualité et des bascules dramatiques que l’on n’anticipe guère assurent néanmoins le spectacle, font de Colossal un petit film sur de grandes créatures.