COMANCHERIA (16,4) (David MacKenzie, USA, 2016, 102min)
Ce polar brillant nous amène au Texas à la frontière du Nouveau-Mexique où à la mort de leur mère deux frangins se mettent à commettre des braquages dans des banques de la même enseigne pour éviter la saisie de la propriété familiale. Le réalisateur britannique David Mackenzie auteur de l’intéressant « Perfect Sense » (2011) et le remarquable « Les poings contre les murs » (2014) signe son neuvième film et nous entraîne dans un western moderne au cœur de « Comancheria » la terre des ancêtres Comanches. D’entrée de jeu la caméra piste et suit de près un véhicule automobile (l’un des mythes américains par excellence) et l’intrigue débute de manière habile comme un pur film de braquages. La mise en scène fluide, vive alterne les plans larges et les gros plans sans cesse en quête de réalisme au milieu des décors de la mythologie du grand Ouest (pétrole, désert, ranch…), en captant bien la nostalgie qui souffle sur ses petites villes fantômes où la classe middle west survit comme elle peut. Avec maîtrise et virtuosité dans l’imagerie, le réalisateur capture l’essence de l’Amérique en proie aux doutes, dans cette région aride et poussiéreuse où l’arme fait figure de valeur refuge, et où la loi du plus fort offre un monde proche de l’apocalypse. L’intrigue binaire assez simpliste prend le temps de mettre en place pour mieux recèler ensuite toutes ses aspérités sous-jacentes, le mécanisme narratif s’avère au fil que le film se déploie assez ingénieux, et l’histoire se révèle exaltante bien aidé par une écriture de dialogues ciselés où l’humour noir abonde très régulièrement. Sans tomber dans le manichéisme ce thriller western s’appuie sur un costaud trio d’acteurs, à commencer par l’émouvant Jeff Bridges (The big Lebowski) magnifique en rangers futur retraité déblatérant des blagues « racistes » à son collègue mexicain, puis le convaincant Ben Foster (The Program) impeccable en frère ainé et l’étonnant Chris Pine (Star Trek) en frère stratège de ce duo sorte d’Abel et Caïn. Ce portrait épatant de l’Amérique saignée par la crise financière, trouve également toute son amertume dans la subtile composition musicale des deux tireurs d’élite Nick Cave et Warren Ellis qui habille parfaitement ce film doux amer. Venez pénétrez ce territoire qui s’enfonce dans la nuit oubliant les ancêtres ayant foulé « Comancheria ». Formidable. Captivant. Puissant. Émouvant.

seb2046
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le 21 sept. 2016

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