Le calme, la tranquillité, la constance et le silence. La bande annonce annonçait un long métrage qui changeait des films d'action américain, proposant un voyage en kayak mené par le réalisateur et interprète Bruno Podalydès. Une fois la projection du film terminée, une grande déception m'accablait, me tiraillait, et m'emmenait à me résoudre qu'il s'agissait d'un long métrage, encore un, dont l'utilité s'interroge.
« Je suis pathétique », énonce le personnage Michel à la fin du film. Oui, le personnage est pathétique, mais le film l'est également, au grand dam du spectateur. Et pourtant, les interprètes ne sont pas les plus mauvais : Bruno Podalydès propose un jeu assez réussi de ce personnage qui part en voyage en kayak, tandis que son frère Denis, sorti des Cours Florent, délivre un jeu sincère et intéressant. Mais ces acteurs ne sont pas utilisés à bon escient. Alors qu'ils pourraient briller dans des films subtils et intéressants, ils se réduisent à des « nanards », il n'y a pas d'autres mots, des comédies au goût fade et amer. Au début du film, une frayeur m'a parcouru, déjà, lorsque j'ai vu le personnage dormir. L'image du personnage qui dort revient ainsi à plusieurs reprises, ce qui laisse donc entrevoir un film dont l'action principale est le sommeil, si on peut parler « d'action ». Hormis tout cela, comment ne pas voir des invraisemblances dans le film de Podalydès : des plans inutiles (plans du scooter au début par exemple), des irréalismes (les cartons du livreur sont vides)… En outre, Comme un avion accumule les « déjà vus » : l'histoire narre une partie de la vie de Michel, un homme passionné par les avions, qui va découvrir le kayak, puis, par la suite, la nature. Quoi de plus banal et lassant que de voir au cinéma des personnages qui découvrent la nature ? Un autre élément m'interroge, celui des seconds rôles « hippies » qui peignent la journée durant des bidons d'essence : panne d'imagination ? Stéréotype sans goût ? Invraisemblance scénaristique ? Toujours au niveau du scénario, ou plus particulièrement de l'histoire en elle même, on remarque qu'il n'y a aucune invention après le premier quart d'heure. Après avoir fait 4 kilomètres, le personnage s'arrête dormir près d'un bar-restaurant étrange, peuplé d'habitués buveurs d'absinthe et peigneurs de bidons. Le personnage essaye pendant tout le film de continuer son voyage, mais il revient sans cesse au bar, contractant à chaque fois des problèmes dans son chemin. A force de tourner en rond, le spectateur se lasse, se fatigue, car il ne découvre rien, le contraire de ce que doit faire le cinéma. Enfin, si l'on continue à scruter ce scénario quasiment « calamiteux », on se sent obligé de passer par les dialogues, et, ô malheur, on s'aperçoit qu'ils sont vides et d'une banalité sans nom. Où sont les beaux dialogues à la Audiard, généreusement écrits pour des films qui ont eu, évidemment, du succès… ? En quelques mots, le scénario est afférant de banalités, d’invraisemblances et d'éléments lassants qui fatiguent rapidement le spectateur.
D'un côté purement cinématographique, on retrouve cette ordinarité sans personnalité, avec des plans qui n'ont aucune qualité filmique, et qui, de plus, tirent en longueur. Je parlais tout à l'heure des acteurs principaux, mais nous pouvons également nous intéresser aux petits rôles, et j'aimerais notamment me pencher sur le cas de Pierre Arditi… Le pauvre, se retrouver dans une comédie de ce rang, avec un rôle aussi inférieur et aussi léger, ce doit être un choc. Une centaine de films à son actif, et il se retrouve avec un rôle de pêcheur vulgaire dans une comédie vide… Et ce n'est pas n'importe quel rôle : il s'agît d'un pêcheur qui finit humilié dans l'eau et passe son temps à insulter les gens qui passent devant lui. Podalydès avait-il un compte à régler à Arditi ? Comme l'hameçon à la canne, on touche le fond…
A la fin de la projection, dépité que j'étais, je n'avais rien appris, je ne m'étais même pas diverti. La vertu d'un film est pourtant celle de divertir et de faire découvrir le Monde à travers des images animées. Non, Bruno Podalydès a choisi le chemin de la banalité, d'un scénario qui tourne en rond, de cadrages fades, et comme il le dit, a choisi d'être « pathétique ». Mais on ne peut reprocher au film, certes, de nous procurer un bol d'air pur, au cœur de la nature. Mais celui-ci est opprimé par une série d'éléments qui s'additionnent, s'accumulent, et qui forment, au final, un film accablant et exténuant. Vous l'aurez sans doute compris, un film qui ne vaut pas le voyage !

Ombre-noire
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le 14 juin 2015

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