Un thriller presque idéal

C'est avec un immense plaisir que l'on voit se développer ces derniers temps ce qu'on pourrait appeler « le thriller français », retraçant généralement la vie d'un homme autour duquel va se former un cercle dramatique intense… Après La French en 2014, L'Enquête début 2015, arrive L'homme idéal, film réalisé par Yann Gozlan, et interprété avec brio par le jeune Pierre Niney, nouvellement césarisé. Ce long-métrage retrace l'histoire d'un jeune écrivain dans l'échec, qui est parallèlement déménageur et qui va un jour s'emparer d'un manuscrit d'un ancien combattant d'Algérie décédé, en mettant le texte à son nom. Le film de Gozlan retrace le succès et la déchéance du personnage, avec élégance et finesse. Il est à remarquer tout d'abord la symbolique de certains plans : le cadrage sur l'immeuble immense et la ville dans laquelle vit Niney qui montre que l'écrivain n'est rien, ou alors pas grand-chose ; mais aussi la division du cadre, vers la fin du film, coupé entre cimetière et autoroute, la vie et la mort, situation dans laquelle l'homme se trouve à la fin. La force du cercle dramatique de ce thriller est infernale, qui nous tiraille jusque dans les angoisses et les peurs de ce personnage qui fiche sa vie en l'air qu'habite Pierre Niney de manière très intense.

On peut reprocher à ce film plusieurs choses, mais en particulier le début, qui manque d'une contenance essentielle, ou alors qui excède en normalités. Certes c'est le « calme avant la tempête » idéal, mais il n'est pas à la hauteur de la suite du film. De même, on peut reprocher aussi le manque de réalisme dans certains plans, comme dans cette scène où il vient d'avoir un accident et où il semble en forme… (cela me fait penser à l'accident dans Whiplash). Enfin, le réalisateur ne répond pas à toutes les questions que peut se poser le spectateur : Niney a tué son beau-frère, ce qui normalement a donné lieu à une enquête. Or, il semblerait que cette enquête est été oubliée à la fin du film (alors que les policiers avaient trouvé des fragments de peau du tueur sur le corps), lorsque l'on voit que la femme (Ana Girardot) de Niney fait des lectures dans une librairie en pleurant : elle n'aurait pas fait ça si elle savait que le tueur de son frère était son mari… Cela peut laisser dubitatif.

Mais le plus important de ce film est la prestation du comédien Pierre Niney, excellent déjà dans Yves Saint Laurent, qui nous délivre ici un grand rôle de composition, sincère et puissant.
Un thriller comme on aimerait en voir fleurir plus souvent, malgré un début un peu fade...