A évité l'écueil d'être spécialisé

D'abord plutôt sceptique sur ce film que je suis quand même allé voir car souvent on peut être surpris, je me suis finalement laissé surprendre par la qualité de ce long-métrage qui réussit surtout où je pensais qu'il allait échouer : plutôt que de sortir un "message politique" (il y en a un bien sûr), le réalisateur choisit plutôt un point de regard à la fois centré sur l'individu et assez universel sur le plan humain. En clair, Compañeros n'est pas le film lourd qui chercher forcément à prendre à parti le spectateur, plutôt, il cherche à présenter un tableau assez réaliste (sans doute un peu partisan mais cela se ressent guère) des conditions de détention ainsi que ses enjeux psychologiques.

Sur le plan de la forme, le film enchaîne les évènements dans un ordre globalement assez chronologique, bizarrement peu répétitif (du moins au niveau du ressenti) car émaillé de petits évènements réels ou fantasmés ainsi que de rares retours en arrière. Le cadre historique aide beaucoup à donner du cachet au film en lui donnant un style assez brut. Point de larmoiement, de violence exagérée ou de gravité théâtrale, globalement on peut s'identifier aux trois prisonniers. Peut-être même que le film est un peu trop léger, on a du mal à vraiment ressentir la faim et les autres souffrances mises en évidence.

Enfin, la qualité principale du film est d'osciller entre une forme de poésie brute et une humanité qui transparaît dans tous les personnages, des antennes du pouvoir (les geôliers qui ne savent même plus ce qu'ils font ici, etc.) aux détenus et leur famille. Globalement, on ne retrouve pas cette épuisante chasse aux sorcières relativement binaire qui existe dans les films sur les guerres mondiales, sans doute parce que les évènements sont moins tabous.

Bref, un bon film, pas mystifiant non plus mais très bien réalisé et potentiellement à revoir. Bien joué.