A dix mille lieues de l'image de tas de muscles sanguinaire qui entoure ce personnage, je découvre un film offrant une réflexion sur le surhomme et la quête de liberté. Conan le Barbare ne s'adresse pas vraiment aux ados boutonneux fans de jeux de rôle mais bien à un public large qui va des fans d'heroïc fantasy aux amateurs de philosophie (bien qu'une seule personne puisse revêtir ces deux qualités, j'en conviens).
John Milius insuffle un air épique à l'adaptation cinématographique des nouvelles du héros créé par Robert E. Howard. "Conan le Barbare" n'adapte cependant aucune nouvelle précise mais pioche dans l'univers howardien pour créer une histoire originale.
Je disais donc que le film avait un souffle épique. Ce côté épique donne une autre dimension à l'oeuvre, elle lui offre cette épaisseur suffisante pour passer les années et rester un objet de film culte. 35 ans après sa sortie, cela ne s'est pas démenti : Conan le Barbare s'est bien inscrit dans la pop culture.
Ce passage des années n'est pas dû aux effets spéciaux qui aujourd'hui sont assez datés mais bien à la mise en scène de Milius qui a utilisé le plus possible des vrais décors et de véritables accessoires. Cela donne un côté authentique au film et aide à l'immersion du spectateur ce qui aurait pu être empêché par une utilisation abusive des effets spéciaux.
De même, le fait que Milius ait intégré sa vision politique (classée particulièrement à droite) dans le personnage de Howard pour développer tout le long du film la question de la force et du surhomme donne une vraie âme au film et aide l'oeuvre à survivre au temps.
On pourrait aussi lier son statut de film culte au fait qu'il ait permis à un jeune bodybuilder autrichien de lancer sa carrière cinématographique qui deviendra celle que l'on connaît aujourd'hui et qui fera jeu égal avec un certain Sylvester Stallone.
Arnold Schwarzenegger a été en effet un bon choix pour incarner Conan. Non seulement, il a le physique adéquat (mine de rien, ce n'est pas si facile que ça à trouver) mais en plus, il réussit parfois à faire passer quelques émotions malgré un jeu assez froid.
Schwarzy réussira donc à jouer toutes les nuances de son personnage au travers des différentes étapes de son évolution. Ce n'est pas la performance de l'année mais c'est suffisant pour rendre le personnage de Conan crédible.
Mais là où "Conan le Barbare" m'a le plus marqué, c'est pour sa bande originale. Je crois n'avoir jamais entendu une bande originale aussi présente et en même temps aussi à propos que celle-ci.
Basil Poledouris signe une bande originale presque entièrement composée de musique classique, la plupart du temps de la musique épique. Elle pourrait s'écouter seule, sans le film, tellement celle-ci est belle. Mais avec le film, elle s'intègre parfaitement aux scènes et accentue toutes les émotions que l'on peut ressentir. Sans cette musique, le film n'aurait jamais eu la même dimension.
"Conan le Barbare" m'a donc très agréablement surpris. J'ai découvert une oeuvre beaucoup plus subtil qu'elle n'y paraît et avec du raffinement où on ne l'attend pas.