Confident royal – Frears en fin de règne ?

Généralement, j’aime bien Stephen Frears, à quelques exceptions près… Bon bah là, ce « Confident royal » va donc rejoindre ces « quelques exceptions près ». Bah ouais, parce qu’au fond, même si ce film possède les qualités habituelles des productions de l’auteur – à savoir un casting savoureux, une réalisation posée, et un bon mariage entre situations cocasses et tendres – cette fois-ci, je me suis retrouvé avec un film un brin trop mécanique et prévisible pour vraiment m’emporter. Et franchement ça ne tient à pas grand-chose parce que je trouve que le scénario sait pourtant se montrer assez dynamique dans sa manière de traiter le sujet, parvenant notamment à jongler habilement avec les révélations qui modifient le regard que nous pouvons porter sur les personnages et la réelle nature de leur relation… C’est d’ailleurs souvent malin. Le film joue régulièrement du sous-entendu ou du détail burlesque à bon escient. La recette est maitrisée et, pour le coup, Stephen Frears se révèle encore une fois être un fort habile artisan sur ce coup… Mais bon… Même si l’œuvre est maitrisée, le problème c’est que je trouve qu’elle manque de souffle. Tout cela s’étend au fond trop en longueur, bouclant son propos en revenant sur ses premières bases, le tout en n’offrant aucune véritable surprise. Au final, je trouve que de tels choix conduisent à de très fâcheuses conséquences me concernant, notamment celui de ne pas laisser de véritable trace dans les esprits. Dans « Philomena » l’intrigue avait permis de développer un regard sans cesse plus neuf, sans cesse plus riche du personnage. Quand on la quittait à la fin du film, restait en nous cette richesse finale apportée par le parcours vécu par l’héroïne. Dans « Confident royal », par contre, le regard sur Victoria évolue finalement très peu. La femme derrière la reine apparait assez vite, et même si l’intrigue s’efforce d’offrir des prismes particuliers à certains moments clefs (l’amoureuse endeuillée ; la femme isolée ; la mère déçue, etc…) ces prismes ne parviennent pas à s’imbriquer les uns dans les autres pour créer une dynamique comme ils pouvaient le faire dans « Philomena ». Plus qu’à une dynamique, on assiste davantage là à une série de déclinaisons. Et que le propos se conclut ainsi par une boucle, où au final tout revient comme aux premiers instants entre Victoria et Abdul, ça ne fait qu’entériner cette sensation qu’en fin de compte, il ne s’est pas passé grand-chose pendant ce film. S’en est à tel point qu’au final, quand je suis ressorti de ce « Confident royal », j’en suis carrément venu à me demander ce que je pourrais bien tirer de ce film là… Et bien j’avoue pour le coup qu’encore aujourd’hui, plus de dix jours après le visionnage, je ne sais toujours pas ce que je vais bien pouvoir retenir de ce film… Pour un Stephen Frears, je trouve ça quand même un peu triste…

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le 31 oct. 2017

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