Une rencontre.

La Reine Victoria est l'une des souveraines les plus emblématiques, si ce n'est la plus emblématique du 19ème siècle. Passionnante et passionnée, son long règne possède de nombreuses facettes qu'il est assez complexe d'exposer au cinéma, en un seul film en tout cas. Stephen Frears ici s'attache à parler de la fin d'un règne long de 63 ans.

Judi Dench (qui interprète le rôle pour le seconde fois après La Dame de Windsor, de John Madden) incarne à merveille la reine sur la fin de son règne, à bout de souffle et portant toujours le deuil de son Albert. Le destin de Victoria ne manque pas d'émouvoir tant elle incarne à la fois le pouvoir mais aussi la fragilité. Dench parvient à saisir cette essence si particulière et compose magnifiquement dans un jeu nuancé. On ressent à la fois cette fin de vie où la reine souffrait de la solitude, pourtant entourée d'une pléiade de conseillers, d'enfants et de serviteurs. Victoria pense encore à Albert, l'amour de sa vie, elle pense aussi à John Brown, celui qui avait un temps égayé son existence avant de mourir lui aussi. Ainsi quand la reine rencontre de manières assez fortuites Mohammed Abdul Karim elle n'a plus vraiment goût à rien.

Le face à face entre Judi Dench et Ali Fazal est intéressant dans la mesure ou constamment l'un contrebalance l'autre. Dench en impose beaucoup et Fazal peine forcément un peu à faire de même, néanmoins cela ne pose pas vraiment un problème puisque entre les deux personnages se tient une relation de respect mutuel entre une souveraine et son serviteur. Ali Fazal parvient néanmoins à amener dans son jeu de la sensibilité et il en découle une belle dramaturgie à l'écran, celle de deux mondes qui s'apprivoisent. La mise en scène et les décors viennent sublimer cette histoire, loin d'être banale dans le fond quand on comprend à quel point elle fut importante et moderne pour l'époque.

En somme Confident Royal est une belle ode à la tolérance, de Stephen Frears je préfère néanmoins The Queen, mais force est de constater que s'il y a bien un réalisateur qui sait mettre en scène les souveraines anglaises, c'est bien lui.