Cela faisait des années que je me disais qu'il fallait que je me plonge dans le cinéma de Rohmer. Et c'est chose faite maintenant ! Suivant les recommandations d'un ami, je me suis lancé dans Conte d'été, et j'ai trouvé cela extraordinaire.


Alors, qu'est-ce que ce conte d'été ? Ce sont de jeunes gens, beaux, intelligents. Gaspard, étudiant en mathématiques passe son été à Dinard, où il doit retrouver sa copine Léna. Mais leur relation est un peu particulière. Au lieu de retrouver Léna, il se lie d'amitié avec Margot, serveuse dans une crêperie mais aussi doctorante en ethnologie. Pour l'inciter à oublier sa Léna, elle le pousse dans les bras Solène, une de ses amies.


Au début, on suit seulement Gaspard et Margot au travers de balades au bords de la plage. Ils discutent de la vie, des études et surtout des amours. Ici, le sens du dialogue de Rohmer tape juste. Même si c'est très écrit, cela ne manque pas de spontanéité, les acteurs étants très crédibles dans leurs rôles respectifs. Gaspard semble un peu perdu, cynique, taciturne. Il est avec Léna mais elle se comporte parfois bizarrement, et est assez versatile. Il en ressort un certain dépit dont il fait part à Margot. Il pense ne pas du tout s'en sortir avec les femmes. Au moment où il énonce cela, on sait qu'il ment. Margot le sait aussi. La seule vérité étant à l'image. D'une part, il ne laisse pas margot indifférent. Que ce soit par le fait qu'elle passe d'innombrables heures avec lui, où de part ce que suggère la caméra lorsqu'elle film innocemment la jambe de Margot lorsqu'elle lui dit qu'elle pourrait éventuellement l'accompagner à Ouessant.


Durant tout ce film, les mots disent une chose et les images en disent une autre. Les mots sont feutrés, un peu neutres alors que toute l'imagerie comporte un érotisme très puissant. Bien entendu, rien n'est montré, que des petits baisers, mais au travers d'une caresse, d'une posture, on devine les désirs et les envies des personnages. Le côté parlé est très cérébral là où le charnel est instinctif, direct, vrai.


La mise en scène est dépouillée au milieu de ces décors naturels et pourtant, l'ensemble pue le cinéma. Les acteurs sont dirigés et surtout, la caméra a un rôle actif, elle participe elle même au ballet des corps, à cette suavité de l'été, à ces amours qui se défont aussi rapidement qu'ils ne se font. Rohmer, c'est la moiteur de l'été présentée de façon élégante. Une façon de montrer calmement ce qui est pourtant si torride. C'est un charme qui ne se savoure qu'avec un certain recul. Ce sont surtout des comédiens magnifiques. Melvil Poupaud en Gaspard, tour à tour touchant lorsqu'il semble perdu avec sa guitare au début, puis exaspérant dans ses hésitations. Margot, interprétée par une magnifique Amanda Langlet, espiègle, drôle, belle, séductrice. La sensualité de Solène jouée par une magnifique Gwenaëlle Simon. Et enfin, la fouge de Léna bien rendue par Aurélia Nolin.

Andika
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le 4 mars 2019

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