L'instinct est une chose magnifique. A force de regarder des films, il devient possible de tout savoir sur la majorité d'entre eux rien qu'à leur titre, au nom de leur réalisateur, ou à leur bande-annonce. Évidemment, il demeurera toujours des exceptions à cette règle, si bien qu'il n'est pas toujours recommandé de porter un jugement avant de voir véritablement les œuvres en question. Avec Cowboys & Envahisseurs, pourtant, pas de surprise : toutes ces informations ne mentent pas.
Le titre rappelle une version SF de La Vallée de Gwangi, film connu des amateurs de La Classe Américaine dans lequel des cowboys affrontent des dinosaures. Jon Favreau, réalisateur déjà responsable des deux Iron Man, est un technicien doué quand il s'agit de faire dans le grand spectacle, mais avec la subtilité d'un bulldozer. La bande-annonce parle d'elle-même ; le casting impressionnant nous confirme que nous avons affaire à un blockbuster, catégorie cinématographique plus que jamais synonyme d'action et d'effets pyrotechniques mais sans cervelle.

Pourtant, aussi étonnant que cela puisse paraître, ce film commence plutôt bien, au moyen d'une ambiance western du meilleur effet, plus proche des productions italiennes ou des représentants crépusculaires du genre que des classiques un peu idéalisés à la John Ford (je dis ça mais j'adore John Ford). Si ce qui se passe dans ce village reculé du grand Ouest manque d'originalité, cela ne manque par contre pas d'attrait et le réalisateur nous prouve que, mine de rien, il a travaillé son sujet.
Puis, c'est le drame : les aliens débarquent, et avec eux des hordes de vaisseaux spatiaux qui balancent des lasers à tout-va. Certes, la scène est impressionnante, mais donne le ton pour la suite. Suite assez convenue et prévisible, misant clairement tout sur l'action et l'opposition entre une alliance incongrue cowboys/indiens et les aliens ; je vous laisse deviner qui gagne à la fin.
Si cela en était resté là, ça aurait pu aller. Nous aurions eu du grand spectacle sans finesse (après une première partie somme toute réussie), et finalement pourquoi pas : si le public n'est pas nigaud, il sait qu'il ne peut rien attendre d'autre d'une telle entreprise. Mais non, l'équipe du film nous le refuse. D'abord, parce que les acteurs ne suivent que mollement : Harrison Ford devait avoir des impôts à payer, Olivia Wilde – exilée de Dr House – n'a rien d'une grande actrice, et Daniel Craig reste un interprète monolithique. Ensuite, le scénario, malgré sa vacuité, réussit à contenir des éléments délirants, à l'image d'un bateau à aubes trouvé renversé en plein désert, sans raison apparente...
Là où Cowboys & Envahisseurs atteint le point de non retour, c'est dans ses bonnes intentions indigestes et ses répliques d'un ridicule achevée matinée de religion, dont certaines absolument consternantes. En résulte un long-métrage divertissant – à ce titre, nous pourrions parler de contrat rempli – mais franchement crétin.
Ninesisters
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le 4 mars 2012

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