• C'est quoi cette chose ?

  • Pourquoi est-ce que c'est à moi que tu demandes ?

  • Parce que tu l'as descendu, avec ce truc là. Où est-ce que tu as eu ça ?

  • J'en sais rien.

  • Quoi, comment ça t'en sais rien ?




Une prise de risque sans réelle prise de risque



Unir le western et le film d'extraterrestre pour créer quelque chose de neuf et de captivant, c'est ce que tente de réaliser Jon Favreau avec Cowboys & Envahisseurs. Malgré un titre maladroit qui laisse peu de place à la nuance, ce film n'en reste pas moins une idée alléchante facilement casse-gueule et difficile à évaluer mais qui promet un divertissement amusant via une bonne dose d'action. Le réalisateur Favreau s'amuse à mélanger les genres à travers une sauce blockbuster typique qui incorpore de nombreuses touches d'ironie et de comédie à travers une décharge d'effets spéciaux pour une action satisfaisante. Un film comme seules les grosses machines d'Hollywood savent les produires, offrant un maximum de divertissement sage à travers une touche moderne nuancée par des rires et des répliques au milieu de séquences d'action frénétiques. L'illustration caractéristique d'un spectacle popcorn qui fait le taf à court terme mais n'a clairement pas les capacités pour s'inscrire à long terme dans le décor cinématographique, quand bien même son originalité conceptrice ainsi que son casting de poids. Aussi curieux, appréciable et excitant que puisse être ce long-métrage, sa formule conditionnée le rend inégal avec son intrigue simple au rythme instable qui conjugue avec hésitation le premier et le second degré vis-à-vis de son scénario par le biais d'une dynamique dramatique qui ne fonctionne pas toujours entre les personnages. Des défauts à nuancer pour un spectacle amusant qui aurait mérité plus de teneur, de puissance et d'impact, notamment avec sa menace principale. Une proposition un peu fade coincée dans une posture artificielle qui à défaut de proposer un gros film réussit à offrir un périple dont on se satisfera avec un sourire arrangeant.


La cinématographie est agréable avec une élaboration généreuse dans la composition du cadre qui offre des beaux panoramas de l'Ouest avec de nombreux plans larges sur des paysages profonds. L'ambiance visuelle est de qualité avec une construction atmosphérique qui conjugue savamment les grandes chevauchées du western avec un cadre à suspense qui par instants s'essaye à quelques plans angoissants. Les effets spéciaux, au même titre que la composition musicale d'Harry Gregson-Williams sont plus ou moins convaincants : il y a de l'idée mais ça manque de prise de risque, à l'image de tout le reste. Si l'introduction des extraterrestres est une véritable réussite avec des vaisseaux spatiaux qui transperce les ténèbres par des effets de lumière d'une lueur bleue avec une proportion spectaculaire à kidnapper les êtres humains conjugués à une description physique via une caméra qui tarde à les montrer au grand jour pour maintenir un maximum de suspens; le design artistique des aliens est décevant. Des extraterrestres physiquement moches dans une conception mêlant les aliens d'Indépendance day à une tête de caméléon. Les chorégraphies des affrontements sont percutantes bien qu'il soit curieux que les combats entre les humains soient bien plus abouties que contre ceux des extraterrestres. L'essentiel se révèle durant une bataille finale explosive un brin décevant où cowboys et indiens s'unissent avec des colts, des flèches, des lances et des couteaux face à un adversaire redoutable.


Si le premier quart du récit est narrativement habile, on ressort un peu déçu des interactions bateaux entre les personnages qui sont appuyés par des dialogues pas toujours concluants, malgré les talents d'une distribution au top. Daniel Craig pour Jake Lonergan avec son look inspiré de Steve McQueen dans Les Sept Mercenaires, offre du charisme et du caractère à son personnage qui se réveille amnésique avec un étrange appareil à son poignet qui se révèle être une arme de destruction d'un autre monde. Un menu spécial " Lonergan ", dans lequel la star offre des belles prouesses physiques mêlées à des flashbacks qui tentent d'installer une part dramatique qui a du mal à convaincre de par la froideur de celui-ci. Toujours un plaisir de retrouver Harrison Ford, même en tant qu'antihéros sous les traits de Woodrow Dolarhyde. Le comédien opte pour une attitude bourrue nuancée entre le parfait salopard et le gars au grand coeur au passé traumatique. Si le relationnel avec Craig passe difficilement, celui avec Paul Dano pour Percy Dolarhyde (le fils), passe très bien, au même titre que Nat Colorado par Adam Beach. Un peu dubitatif devant la performance d'Olivia Wilde pour Ella Swenson. Le récit tente de créer une alchimie entre Wilde et Craig mais faut reconnaître que ça bidonne sévère sur ce point tant le personnage de Craig est antipathique. Niveau casting secondaire, on retrouve une grosse pointure avec " Sam Rockwell ", dont on se demande ce qu'il est venu faire ici. Ravi de retrouver la tronche de Walton Goggins. Une belle distribution avec des bonnes têtes qui ne sont pas aidées à cause d'une écriture approximative, bien que tous les personnages ont leurs heures de gloire.



CONCLUSION :



Cowboys & Envahisseurs réalisé par Jon Favreau est un western fantastique de science-fiction qui mélange deux genres cinématographiques opposés à travers un film un peu facile et fade bien que distractif. Ce n'est pas un grand far west c'est sur, mais ça reste un divertissement "respectable" accompagné d'un beau casting.


Un bon p'tit film pop corn typique des blockbusters conventionnels qui aurait pu être bien plus.




  • C'est des démons ?

  • Des démons ? Je saurais pas dire. Ça ressemble à la description, mais...

  • Des démons... Mais enfin de quoi est-ce que vous parlez ? Des démons de la Bible c'est ça dont vous parlez ?


B_Jérémy
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le 30 juin 2022

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