Belle idée que de relier à la fois le survival et le film catastrophe, le huis clos et le film de crocodile. Je signe tout de suite, moi. Néanmoins, Aja est au petit trot, il pouvait nettement mieux faire. Comme compenser sa générosité générale par de purs éclats de sidération, par exemple. Ses crocodiles sont magnifiques, en plus, dommage de ne pas en profiter pleinement : Ça manque de scènes réellement marquantes. Comme à son habitude, Aja n’a pas son pareil pour emballer sa marchandise. Elle est certes de piètre qualité, ici, mais c’est encore l’emballage qui fait office de cache-misère. Un beau cache-misère – Beau tandis qu’on l’espérait magistral.


 Crawl se limite ainsi ou presque à deux personnages, une fille et son père, Kaya Scodelario & Barry Pepper (parfaits tous les deux), ainsi qu’à un lieu, une maison, en commençant par la cave pour terminer sur le toit. Cette verticalité reprend toute la problématique du film, qui reprend celle de Pluie d’enfer – digues qui éclatent comprises : Les pluies torrentielles inondent bientôt la ville entière. Je pense qu’on oubliera ce film – On l’oublie aussitôt en sortant de la salle, d’ailleurs – mais il a au moins le mérite de créer une ambiance, une tension avec trois fois rien, sans trop d’esbrouffe.
J’aime bien Alexandre Aja mais si j’ai un vrai regret ici, c’est qu’il ne choisisse pas d’en faire un truc plus radical, purement viscéral. On sent qu’il n’ose pas. J’ai l’impression que de faire du personnage central une nageuse professionnelle le dédouane un peu trop des scènes improbables qui la voient nager pour échapper aux crocodiles. Ian Thorpe lui-même manquerait de jus. Ça manque d’inventivité. Comme le fait d’en faire une super-prédatrice, pourquoi ça découle de son tempérament habituel ? Il me manque cet état de mutation qui me plait beaucoup dans le survival. Néanmoins, Crawl est plutôt bien troussé pour un survival et carrément cool pour un film de crocodiles.
Je me suis rendu compte d’un truc devant Crawl : En fait, je ne suis pas du tout familier des films de crocodiles, sous-genre à part entière – comme celui du requin – qui regroupe Lake placid, Le crocodile de la mort, Solitaire, Black water ou Killer crocodile. Et je n’ai vu aucun de ces films. Moi on me dit crocodile, on me dit cinéma, je pense Tabou, de Miguel Gomes. Ou Jumanji. Ou « Bon écoutez mon petit. Là j’viens de tuer un croco ». Mais rien qui n’entre dans le genre, en fait. J’ai bien vu Megashark vs Crocosaurus, mais doit-on en parler ? Bref, difficile de juger Crawl à l’aune de son sous-genre, mais j’imagine qu’on a rarement vu de si beaux aligators.
JanosValuska
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le 2 déc. 2019

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