Si j'adhère à la saga Rambo, j'ai toujours dédaigné la saga Rocky, guère intéressé par l'aura de virilité exacerbée saupoudrée d'american dream que constitue le premier épisode, les suivants enchainant grosso modo les combats avec un ou deux enjeux supplémentaires. Le seul que j'ai vu à ce jour est le 5ème, dont je n'ai aucun souvenir (sinon d'un rocky qui apprend à son fils à filer des gnons à ses bizuteurs en dehors de l'enceinte de l'école). Creed marque donc un retour aux sources en citant officiellement le troisième épisode, et en arrivant après un La rage au ventre dont la vulgarité m'avait bien rebuté. Si le rap est à nouveau de la partie, les personnages sont ici carrément plus attachants.
Dans son exposition des banlieues américaines, le film est sobre sans être racoleur (peu de rap gangsta, pas de message sur la pauvreté (et d'ailleurs, Adonis Creed est ici un riche issu de la finance qui abandonne sa place pour tout tenter sur son goût du combat)). Le film se concentre sur les parcours du jeune Creed et de Stallone qui vont faire bien entendu équipe jusqu'au grand match, avec le lot de training montage et d'étapes nécessaires au remplissage du scénario. C'est encore une fois le point faible du genre sportif qui ressort ici : il peine considérablement à se renouveler, alors il abandonne l'originalité pour miser tout sur les personnages. Le choix est payant sans créer la surprise, d'où le 6/10. On note toutefois relativement peu d'effets d'exagération durant les combats, et à quelques slow motions près (pensés pour faire ressentir la puissance des coups), le résultat paye davantage que sur La sueur au bide. Avec un Stallone qui ne cherche pas à en imposer et un jeune Creed plutôt humble dans le ton, on passe donc relativement un bon moment. On notera le nombre important d'apparition du logo d'HBO au cours du film, pensé pour être un détail "réaliste" qui pourrait être un coup marketting bien organisé.
Sans surprise mais relativement pêchu et sincère, Creed s'impose tranquillement et succède avec honneur à un Rocky Balboa qu'on reverra surement très prochainement.