Adonis, un gamin orphelin qui a la rage au ventre, découvre qu’il est le fils caché du légendaire boxeur Apollo Creed. Adulte, il va discrètement chercher Rocky Balboa pour se faire entraîner, et s’approprier ce lourd héritage.


Creed est le second long métrage de Ryan Coogler, qui à même pas trente ans réalise et co-écrit un inattendu septième volet dans la série des Rocky… et le premier à ne pas avoir le prénom du boxeur de Phili dans le titre. Et bon dieu, c’est une sacrée claque —no pun intended—, réussi sur tous les niveaux. Sa réalisation est magnifique, avec une caméra épaule, une lumière naturelle et de très longs plans qui donnent un réalisme incroyable. On ressent la force des coups comme rarement dans la franchise. On aura même droit à plusieurs plans séquences, dont le magnifique combat en milieu de film contre Sorino, filmé d’une traite. Pour autant, Coogler sait créer des moments de grâce, très esthétiques —par exemple quand la silhouette de Conlan se découpe dans la fumée bleue lors de son entrée sur le ring—.


Le thème de la famille est développé avec élégance, et un propos méta tout à fait justifié. Comme son protagoniste, le film doit, ou en tout cas veut, prendre la relève d’une légende, tout en honorant son héritage et en créant quelque chose qui lui soit propre. Le film aussi est en quelque sorte le résultat d’un adultère —premier de la série qui n’a pas été écrit par Stallone—, et il ne prend pas non plus le nom de ses prédécesseurs. Mais in fine, tous les deux sont adoubés —Adonis par ses adversaires et Creed par Stallone—.
Une autre grande réussite à mettre au crédit de Coogler et le co-scénariste Aaron Convington est une galerie de personnages, nouveaux comme anciens, subtile et touchante. Rocky est presque un vieillard, seul, cassé et au bout du rouleau. Même les antagonistes sont très bien traités, de l’entraineur de la salle de Micky qui voit son vieil ami Rocky préférer entrainer un inconnu plutôt que son fils, à l’instable Conlan, pas méchant mais bas de plafond, qui veut une dernier combat avant la fin prématurée de sa carrière.


Évidemment, cela ne marcherait pas aussi bien sans de grands acteurs, au premier rang desquels Michael B. Jordan qui interprète Adonis. Ultra impressionnant dans le ring —d’autant plus qu’il y a très peu de coupures—, très crédible en dehors, et touchant dans ses relations avec Bianca, Mary Anne et Rocky. Et tous ces personnages sont également interprétés à la perfection, y compris par Stallone qui nous prouve à nouveau que quand il n’est pas dans un film décérébré où il doit jouer les barbouzes du troisième âge, c’est un sacré acteur. Son Golden Globe du meilleur second rôle est tout à fait mérité.


Un mot également sur la musique de Ludwig Göransson, qui devient le troisième compositeur dans la saga après Vince DiCola (Rocky IV) et surtout Bill Conti (tous les autres). Cette bande son est un parfait exemple de ce que veut être le film : moderne —avec plusieurs morceaux de hip hop et d’électro, surtout intradiégétiques— tout en étant respectueux de ses prédécesseurs —le thème de Rocky, assez rare, reste audible—.


Si j’avais un seul reproche à faire au film, qui m’empêcherait de lui mettre une note parfaite, c’est sa structure, un peu trop proche de celle du premier Rocky : un champion du monde va aller défier un parfait inconnu et se rendre compte qu’il est beaucoup plus costaud que ce que l’on pouvait penser.


Bref, Creed est le renouveau magnifique d’une série culte qui a connu des hauts et des bas, servi par d’excellents acteurs, une histoire touchante, une réalisation et une bande son aux petits oignons. Un indispensable pour tous les fans de la saga, mais une potentielle bonne découverte pour tous les autres également. Malgré l’absence de Ryan Coogler sur Creed II, j’attend cette suite avec impatience.

Bastral
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le 24 août 2018

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