Découverte. Au départ je trouve le concept extraordinaire, de faire un film avec plusieurs acteurs dans une pièce de 3*3*3 mètres et de constamment revenir au même endroit. C'est dingue de se dire que l'on peut réaliser tout un tournage sur plusieurs semaines dans un espace aussi petit et arriver à tenir. Parce que le film tient, d'ailleurs j'étais assez surpris puisque le scénar est loin d'être linéaire, il est même assez surprenant pour un film de ce genre années 90. Non pas que les retournements de situations niveau caractérisation des personnages soient incroyables, mais que l'ambiance, l'atmosphère elle-même du film et nos sensations changent très vite entre chaque pièce, selon les couleurs, les motivations et les peurs des personnages. Il se dégage de cet objet intriguant un très fort désir de sortir prendre l'air sur la fin, un sentiment de séquestration, virulent, de trouble, de brume mentale ; regardé dans de bonnes conditions, il peut vraiment faire de l'effet.
La question qui devait et heureusement reste sans réponse, c'est le pourquoi, le qui et le comment de l'histoire. Bien entendu il est vraiment absurde d'attendre la moindre réponse, le film existe en lui-même parce qu'il est une hypothèse, une théorie qui - comme je ne sais plus quel personnage le dit -, à cause d'une erreur, s'est vue reliée à la pratique. Les faits sont là, ils sont enfermés et doivent sortir ou bien rester là-dedans jusqu'à la fin de leurs jours. J'aime cette idée.


On sent que la série a été une peut la matrice de la franchise (on peut vraiment en parler ici) Saw autant sur le fait (assez nauséabonde) que seuls les plus méritants et ceux qui se bougent le cul s'en sortiront vivants, mais aussi sur l’esthétique. Disons qu'en sous traitant ce film (un premier film d'ailleurs) avec des manies de clippeur, on peut arriver aisément à faire un torture porn de qualité. Mais là, autre petite surprise, les comédiens sont assez bons (pour le genre et l'époque), même dans son doublage français médiocre, le ridicule ne prend jamais le dessus. Le film fait la part belle aux discussions, qui sont toutes sauf ridicules, au contraire elles fouillent assez bien les possibilités offerte par l’hypothèse de départ. De part ce fait, le film est bien supérieur à n'importe quel avatar qu'il a pu engendré. Il est plus dense, plus riche, plus mystérieux aussi.


De plus le film possède une esthétique qui lui est propre, il arrive à garder une grande cohérence malgré les découvertes qui se font quand à son fonctionnement interne (les nombres premiers, éternels oubliés, comme clef pour la sortie, jolie métaphore des personnages enfermés dans ce premier segment). La musique aussi, excellente, participe grandement à la sensation de cauchemar high-tech que le film distille. Cube parvient à convaincre parce qu'il renvoi à une angoisse universelle qui est loin d'être évident à mettre en place : celle - très liée aux étranges rêves ou cauchemars quel l'on peut faire - d'être esseulé à tout jamais dans un espace qui ne dialogue pas avec nous, une amas de formes inhumaines, de lumière et de sons que nous ne comprenons pas.
La fin du film, très anxiogène, très tragique aussi, est un point d'apothéose que la "série" ne retrouvera jamais.

Narval
8
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le 8 mai 2016

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