La première fois que j'ai entendu parler de ce film sur les réseaux sociaux, j'ai tout de suite appuyé sur la croix pour fermer l'article en question. "Encore une romance à deux balles qui veut se faire originale en abordant le sujet du travestissement". Mais je me suis complètement trompée. J'ai regardé la bande annonce en entier quelque temps plus tard et là, j'ai eu comme un déclic, une folle envie de voir ce qui s'annonçait comme un quasi chef-d'oeuvre.


Je ne connaissais pas beaucoup les acteurs hormis Alicia Vikander (que j'ai vu l'an dernier dans Ex Machina, un trèèès bon film de science fiction comme je les aime), Amber Heard (dans The Ward un film d'épouvante-horreur) et Eddie Radmayne (uniquement de réputation et pour son rôle dans le dérivé de la saga Harry Potter, Les Animaux Fantastiques). Je n'avais donc pas vraiment de préjugers sur leur jeu d'acteur et j'ai été littéralement bluffée ! Eddie R. incarne à la perfection Einar Wegener dans le doute et l'hésitation que peut provoquer un tel trouble, celui de l'identité sexuelle qui à l'époque du film est mal vu et même jugé comme un trait de folie. Pour autant, Alicia V. n'est pas effacée derrière son grand rôle parfaitement maîtrisé. Elle incarne Gerda Wegener, la femme de ce peintre adulé qui essai tant bien que mal de percer dans le monde de l'art.


A qui s'attache-t-on le plus ? Le fait est qu'Eddie joue deux personnages en même temps et les rend ainsi tout deux difficiles d'accès, assez distants car distincts de nous.


On en vient même à partager le diagnostic des "médecins" qui le pensent schizophrène.


Pour ma part, c'est Gerda qui attire toute mon attention parce que son personnage est atypique : une femme brillante, pleine de joie et sûre-d'elle, tout le contraire de ce qu'on pourrait imaginer pour une femme à l'époque. On pense tout de suite à une femme cachée derrière son mari, éteinte et même soumise. Mais là est toute la nuance ! Gerda est pétillante et pleine de ressources mais surtout, elle est éperduement amoureuse d'Einar au point de laisser sa chance à Lili Elbe, la femme cachée dans le corps d'Einar qui revendique sa place dans le monde.


La technique et la photographie du film elles-mêmes reflètent le sujet du sénario qui est une sorte de reconstitution d'une histoire véridique : la peinture.


La peinture c'est le début de la vie d'Einar qui peint toujours le même tableau, celui du paysage de son enfance, le paysage dans lequel il a connu son premier amour et compris qu'il était Lili. Mais la peinture c'est aussi la fin de la vie de Gerda qui devient une artiste peintre renommée en peignant son mari en train de renaître dans une nouvelle peau.


Pourquoi un drame ? Parce que rien ne se finit comme ils le voudraient. L'amour et la passion que Gerda à pour Einar sont tels qu'elle en souffre de tristesse. Tandis qu'elle ne voit pas sa vie sans lui, lui ne voit pas sa vie sans Lili. Elle ferait tout pour lui et lui ferait tout pour changer de vie, et surtout d'enveloppe corporelle. Des larmes il y en a ! Autant chez les personnages que chez les spectateurs.


Je recommande vivement ce film qui est très soigné, très respectueux de l'histoire originelle et qui nous transporte dans le mal-être que peut provoquer le fait d'être différent, "anormal" et incompris. Dans ces moments là, notre seule arme c'est l'amour, quelqu'un qui ferait tout pour nous aider à nous en sortir.

abauteure
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le 1 févr. 2016

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