Comment Walter Disney a bien pu faire pour obtenir en 1964 les droits d’adaptation au cinéma des célèbres contes pour enfants de Mary Poppins des années 30 ? Après 20 ans de sollicitations persévérantes, il parvient à inviter la romancière Pamela Travers dans son parc à merveilles pour la convaincre. Austère, maniaque, despotique, excentrique et offensive vieille fille de 65 ans, celle-ci n’a aucune intention de laisser pervertir son bébé pour le bonheur factice et décadent de l’argent et du dessin animé.
Inspirée de la véritable longue lutte acharnée jusqu’aux moindres détails, au monument de patience, de diplomatie et de compromis, le film relate ce qui constitua une authentique aventure supplémentaire, engageant les deux héros au-delà des enjeux de production. Si pour le père de Mickey il s’agissait d’offrir un supplément de rêve à ce monde, la conversion progressive de la romancière australienne dépendra d’une rétrospective parallèle sur son passé pauvre, douloureux, de ses parents aimés, quoiqu’alcoolique pour l’un et suicidaire pour l’autre, et dont l’enjeu commun avec son dilemme commercial converge vers le pardon et la réinvention de l’amour, de la joie et de la légèreté.
Mignon petit film qui se laisse voir malgré ses clichés à l’américaine faciles et attendus, et son sentimentalisme classiquement mièvre et guimauve, et dont le niveau est surtout porté par une étonnante Emma Thompson et un Tom Hanks pas si mal.