Je ne vous cache pas qu'il n'était nullement prévu au programme, ce « Dans un jardin qu'on dirait éternel », vu uniquement pour faire plaisir à une personne en ayant fait sa priorité du maigre programme actuellement dans les salles obscures. Il est difficile pour moi de critiquer un tel film tant celui-ci n'est pas forcément le cinéma que j'aime, devant lequel je ressens du plaisir. Cela écrit, au vu du synopsis pour le moins peu excitant, je dois dire que ce n'était pas si mal. Esthétiquement, d'abord, même si ce n'était vraiment pas ma plus grande crainte : que ce soit le travail sur la lumière, la construction des plans, une photographie du plus bel effet ou cette manière de saisir les décors intérieurs comme extérieurs avec beaucoup de grâce, la réussite s'avère stimulante pour les sens, à l'image d'une bande-originale aussi discrète qu'élégante.
Si Tatsushi Omori est donc un technicien de talent, j'avoue être moins convaincu par celui qu'il a pour raconter une histoire. Alors c'est vrai : je me suis beaucoup moins ennuyé que je le craignais, même si ce rythme lent, parfois contemplatif a de quoi lasser quelque peu le spectateur, notamment à travers les multiples démonstrations concernant l'art du thé, certes logiques au vu du propos, mais quand même assez longues et omniprésentes : au moins le réalisateur a t-il eu la bonne idée d'y intégrer un peu d'humour. Je suis encore plus circonspect sur toutes ces citations se voulant « profondes » tenant surtout de la banalité
(le récurrent « chaque jour est un bon jour » en tête),
toujours dans une logique « émerveillons-nous de la beauté du monde » certes sympathique mais très limitée, témoignant probablement aussi, à divers niveaux, de l'importante (trop?) différence entre nos deux cultures.
Sans doute aurait-il fallu aussi donner plus d'importance aux personnages entourant l'héroïne, puisqu'hormis ses parents, sa cousine et, bien sûr, madame Takeda, peu trouvent réellement leur place dans l'histoire, se contentant souvent de brèves apparitions. Dommage, car si la relation de Noriko avec son enseignante ne m'a pas vraiment touchée, trouvant le comportement de cette dernière trop distant voire légèrement contradictoire, celles avec sa cousine et ses parents ne manquent pas de charme lorsqu'elles apparaissent à l'écran. Reste une sensible réflexion sur le temps, certes un peu bateau, mais suffisamment douce à travers ce joli portrait de femme pour qu'on y adhère un minimum, comme en témoigne les propos de l'héroïne sur
« La Strada », vu beaucoup trop jeune avant qu'elle ne le redécouvre avec émerveillement.
Qui sait, peut-être moi aussi redécouvrirais-je dans quinze ans ce film délicat avec un regard nouveau, même si je crains que celui-ci reste un peu trop éloigné de mes goûts habituels...