Et bien Dark City a très bien vieilli. L'ambiance est toujours aussi sombre et étouffante, s'inspirant effectivement de la série noire avec sa femme fatale chanteuse de cabaret, son flic mélancolique et bien entendu une teinte assombrie. Les personnages sont très justes, incarnés à la perfection par les multiples acteurs, tout comme l'interprétation des étrangers (Richard O'Brien en tête, probablement son meilleur rôle avec celui du Rocky Horror). L'esthétique gothique sied élégamment bien à nos fameux extraterrestres (on sent d'ailleurs que l'auteur de Blame devait avoir Dark City en tête lorsqu'il a dessiné ses silicates), bien loin des excès néogothopoufs actuels que seule la qualité de futur critère nanar sauve de l'extermination. Le scénario est certes un peu complexe au premier visionnage, mais la confusion qui en résulte correspond bien à cette vision de la réalité, digne du pire trip psychotique aux influences dickiennes évidentes. La majorité des FX supportent sans difficulté le passage du temps (y'a quelques effets numériques qui se voient au cinéma) et certains passages sont toujours aussi bluffants.


Bref, un must-see qui selon moi mérite de faire date dans l'histoire du ciné fantastique tech-noir (terme entendu lors de la séance).


Fait rare, voici un film dont je préfère la VF.


Vu la Directo's Cut.
Une version intéressante quand on connait déjà le film, car il en complète certains aspects. Ceci dit, sans doute ai-je eu du mal à me détacher de la version cinéma que j'ai tant vue mais j'en ai trouvé le montage beaucoup moins fluide, prenant le parti de montrer plus rapidement l'ensemble des étrangers, avec un Murdoch un peu trop spectateur (genre Ninja de Filmark). C'est dommage car cela diminue d'autant la thématique paranoïaque, confirmant trop tôt au spectateur que le héros n'est pas foudingue. J'ai eu l'impression que cette version s'intéressait peut-être plus à la question de l'identité (sommes-nous plus que l'amas de nos souvenirs ? Avons-nous le droit ou le pouvoir de décider de notre identité et de notre réalité ?) et au le rôle de l'affectif comme structurant de son individualité (l'amour ne peut être implanté et devient la base sur laquelle John Murdoch peut exister).


Pour toute découverte du film, je conseillerai donc de se tourner plutôt vers la version cinéma.

Créée

le 22 déc. 2019

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