En 1999, la majorité des spectateurs s'extasiait devant un blockbuster inattendu et complètement fou, aux confins de plusieurs genres, réalisé par les frères (désormais soeurs) Wachowski. Tout le monde ? Non, un petit gars du nom d'Alex Proyas tirait singulièrement la tronche de son côté face au succès fracassant d'un long-métrage recyclant (consciemment ou pas ?) les grandes lignes de son propre Dark City, sorti une bonne année avant et qui, lui, s'était méchamment planté au box-office.


Rescapé de la douloureuse expérience The Crow, le cinéaste Alex Proyas revenait donc en 1997 avec un nouveau projet, cette fois imaginé par ses soins et scénarisé avec l'aide de David Goyer et de Lem Dobbs. Lui aussi nourri de diverses influences comme le sera son petit frère Matrix, piochant aussi bien dans le film noir que dans le manga ou l'anticipation, Dark City choisit cependant une approche bien différente, loin de brosser le spectateur dans le sens du poil, du moins dans sa director's cut bien moins explicative que la version courte distribuée en salles.


Si le hit des Wachowski atténuait la noirceur de son univers par des effets visuels ahurissants et par une poignée de combats exaltants, Dark City fonce tête baissé dans un maelström d'étrangeté et de noirceur, invitant son audience à le suivre au coeur d'un labyrinthe aussi rétro que poisseux, mystérieux à souhait, tentaculaire et violent, sans pouvoir se rattacher à des éléments plus rassurants.


Un microcosme flamboyant, superbement éclairé par Dariusz Wolski, convoquant aussi bien l'expressionnisme allemand que des délires visuels proches d'un Blade Runner, le tout parfaitement orchestré par un Alex Proyas au sommet de son art et qui ne parviendra malheureusement plus jamais à atteindre ce haut degré de réussite, formelle comme narrative.


Thématiquement foisonnant, beau à en pleurer et porté à la fois par un casting impeccable (Rufus Sewell, Jennifer Connelly, William Hurt, Kiefer Sutherland, Richard O'Brien, Ian Richardson...) et par une bande originale marquante composée par Trevor Jones, Dark City réussit l'exploit d'être riche et tortueux tout en restant limpide de bout en bout, ne paraissant jamais boursouflé ou brouillon. La trilogie des Wachowski, aussi sympathique soit-elle, ne peut pas en dire autant.

Créée

le 1 nov. 2016

Critique lue 1.8K fois

42 j'aime

10 commentaires

Gand-Alf

Écrit par

Critique lue 1.8K fois

42
10

D'autres avis sur Dark City

Dark City
LycanthropeNyctalope
10

Master of SF

Chef d'oeuvre de la science fiction, Dark City est un film, obscur au scénario parfait, influencé par le cultissime Metropolis et le duo Caro/Jeunet ,qui n'aura de cesse d'étonner les amateurs du...

le 3 nov. 2014

45 j'aime

10

Dark City
Gand-Alf
9

Sleep, now.

En 1999, la majorité des spectateurs s'extasiait devant un blockbuster inattendu et complètement fou, aux confins de plusieurs genres, réalisé par les frères (désormais soeurs) Wachowski. Tout le...

le 1 nov. 2016

42 j'aime

10

Dark City
Docteur_Jivago
9

La Belle Endormie

Une obscurité semblant éternelle, une mémoire semblant absente, du sang un peu partout... C'est dans ces conditions qu'un homme se réveille, et que commence une traque aussi noire que mystérieuse...

le 17 août 2018

37 j'aime

7

Du même critique

Gravity
Gand-Alf
9

Enter the void.

On ne va pas se mentir, "Gravity" n'est en aucun cas la petite révolution vendue par des pseudo-journalistes en quête désespérée de succès populaire et ne cherche de toute façon à aucun moment à...

le 27 oct. 2013

268 j'aime

36

Interstellar
Gand-Alf
9

Demande à la poussière.

Les comparaisons systématiques avec "2001" dès qu'un film se déroule dans l'espace ayant tendance à me pomper l'ozone, je ne citerais à aucun moment l'oeuvre intouchable de Stanley Kubrick, la...

le 16 nov. 2014

250 j'aime

14

Mad Max - Fury Road
Gand-Alf
10

De bruit et de fureur.

Il y a maintenant trente six ans, George Miller apportait un sacré vent de fraîcheur au sein de la série B avec une production aussi modeste que fracassante. Peu après, adoubé par Hollywood, le...

le 17 mai 2015

208 j'aime

20