Le cinéma de Jacques Audiard depuis "sur mes lèvres" et "le prophète" ne m'avait plus autant touchée qu'avec cette histoire d'un humanisme réconfortant et optimiste.
On retrouve la patte du réalisateur par la violence toujours présente dans ces métrages. Par les combats de boxe auxquels Ali se livre pour évacuer toute son énergie, avec quelques scènes tendues ! et plus particulièrement dans la caractéristique de ce personnage concret et sans état d'âme, apparemment. Mais c'est surtout le handicap, tant physique que sociétal dont il est question. L'ignorance de l'autre, une société peu encline à aider son prochain, appuyant sur ces vies modestes que l'on ne veut pas voir, ces rejets multiples et trouve son contraire dans ce rapport simple et franc entre nos deux héros blessés. Ajoutant les rapports familiaux difficiles, les difficultés financières et le rapport au travail, Audiard en profite pour faire passer le message.


Une rencontre improbable, admirablement servie par les acteurs, la mise en scène rythmée et dotée d'une grande force, de jeux de caméra, de lumière ou de ralentis, de moments de silence, et de bons choix musicaux, pour une ballade entre déprime et joie de vivre.
Du drame de Stéphanie, et de son handicap, son évolution, sa rencontre et sa renaissance grâce à Ali, élément déclencheur et salvateur, le metteur en scène dose parfaitement ses moments d'émotion, sans mièvrerie. Filmé avec pudeur, on les accompagne entre actes d'amour et difficultés de communication.


Le réveil de Stéphanie à l'hôpital et sa douloureuse prise de conscience, sera filmé longuement par de longs passages immobiles, l'esprit absent, et restera une des plus belles scènes poignantes du film. Cela faisait bien longtemps que Marion Cotillard, ne m'avait parue si juste. Matthias Schoenaerts livre quant à lui, encore une fois, une performance marquante, à la fois violente et joviale.
Un moment franchement plaisant pour signifier le décalage entre ces deux personnalités, montré avec humour et légèreté lors de la proposition d'Ali pour des actes sexuels à la demande; une "proposition" claire, nette et sans ambiguïté, tout comme lui.


Bouli Lanners en second rôle, '"espion" au service de dirigeants de sociétés, et accessoirement "gestionnaire" de combats de boxe, apporte un certain flegme décalé à cet homme qui contribue pourtant, à ruiner des vies.


Et ce beau final, où Ali sauvera son fils, permet de nous emmener vers cet instant qui remet les choses à leur place, et permettre ainsi à Ali, enfin, d'aller de l'avant.

limma
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le 8 nov. 2016

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