Axiome à la con : jeu vidéo = audiovisuel = cinéma. C'est archi-faux, et si l'un et l'autre piochent allègrement chez le voisin depuis des années, c'est bien parce que les deux medium ont besoin de s'apprivoiser. Le danger, c'est que la notion de "fidélité" sert encore de bouclier à toute adaptation pas trop risquée, quel que soit le medium. Sin City, par exemple, proposait une copie quasi identique de la BD, Rodriguez avouant s'être servi des planches de Frank Miller comme d'un storyboard. En soi, pourquoi pas, mais dans ce cas il faudrait retirer le mot "adaptation", qui signifie quand même "transformer une oeuvre pour la rendre propre à une autre destination". A faire le forcing, ce n'est pas une adaptation que l'on obtient mais une déformation, plus ou moins agréable selon ses éléments annexes (dans le cas des Sin City, ses dialogues et son casting en or rendaient la chose tout à fait agréable).


En jeu vidéo, le danger guette aussi, et fidélité ne rime pas forcément avec qualité. Car bon sang, qui diantre a eu l'idée de reproduire tels quels les codes visuels de la saga Dead or Alive, sans même tenter d'arrondir les angles ? A moins d'avoir le fric pour et un type assez malin pour digérer cette imagerie bling-bling, ça revient quand même à voir un vieux en pantalon zébré se bastonner contre un catcheur texan, ou encore une ado allemande en blue jeans (Hitomi, mon amour) lever la jambe de concert avec la fille dudit catcheur, blonde plantureuse aux boobs démesurés. Ultra fun sur consoles pour peu qu'on apprécie la baston light (pas de sang versé), Dead or Alive développait à peine ses personnages et leur relations. Le problème devient une réponse : autant tout miser sur la castagne si ça doit passer du 10e au 7e Art, quitte à caser une musique de seconde zone et des gags à base de touriste enfermé dans sa propre valise !


Le problème, et de taille, c'est que les responsables ont semble-t-il juré fidélité au matériau d'origine, tout en réalisant au fil du tournage qu'ils essayaient, en gros, de se refaire Matrix avec le budget d'une sitcom AB ! Sans être hideux, le film est clairement cheap : rien qui n'impressionne à l'écran, faute d'une direction artistique adéquate (des décors aux costumes, tout sent le préfabriqué), ou d'un minimum d'adaptation. Le plus rigolo dans ce nanar à bière, c'est qu'il parvient à se viander sans trahir le jeu, si ce n'est en termes de sexytude : rarement mises en valeur, les comédiennes ne rivalisent pas deux secondes avec leur modèles pixélisés. A vrai dire, il "adapte" même, le temps d'une scène, le fameux DOA : Beach Volley, spin-off estival dédié au bikini ! Voilà qui rendait le ratage tout à fait sympathique, du moins lors de sa sortie en salles (eh oui !), la chose étant sans doute plus pénible à regarder aujourd'hui.

Fritz_the_Cat
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le 3 août 2015

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Fritz_the_Cat

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