Un Marvel ordinaire, inoffensivement cool

Aujourd'hui j'avais envie d’écrire pour vous un petit billet sur Deadpool qui ne reflète pas la majorité des avis lus ou entendus sur le film, je vous préviens. Cependant cette soudaine envie d’écrire se mêle à une flemme de faire une critique très élaborée où j’expliquerai et détaillerai tous les points que j’ai aimés ou non du film. En effet j’ai surtout envie d’insister sur le fait que c’est un film de super héros ordinaire qui se survend tout le long pour le cacher. Je citerai deux ou trois exemples pour souligner ce point parmi une myriade d’exemples possibles, mais ce sera à vous aussi de faire travailler vos méninges, et puis ça me permet de ne pas trop écrire (comment ça, c’est une excuse de flemmard?)

Avant de rentrer dans le vif du sujet, je suis un gros lecteur de Marvel, et je me dois de vous dire quelque chose sur les comics Deadpool : C’EST DE LA MERDE. Ces comics sont tous pourris. Ce mec est un des personnage les plus durs à traiter parce que faire des clins d’œil référentiel pour flatter l’intelligence du lecteur, ça va bien 5minutes mais ça empêche tout enjeu plus important et ça oblige à faire des blaguounettes pour ados de 12 ans à longueur de page. On sort le lecteur de sa lecture pour le caresser dans le sens du poil et on s’en suffit, c’est souvent ça Deadpool. Très peu de scénaristes ont réussi à rendre le personnage intéressant. Les responsables de la marvel en ont toujours eu rien à foutre de ce personnage, il suffit de mettre un concept vendeur comme « Deadpool massacre les classiques» qui ne propose rien d’autre qu’un déroulement schématique classique et des plus convenus qui soit. Deadpool va dans l univers de Tom Sawyer et le tue, puis il va dans l univers de Moby Dick et tue la baleine… Donc bon quand on a passé ses 15 ans, on veut du cool moins fainéant et anecdotique. Les pires mecs de chez Marvel sont restés des années à travailler sur ce personnage comme Rob Liefield ou encore Daniel Way. Et puis il faut dire que les comics les plus sympas de Deadpool sont anecdotiques. La dernière série Deadpool scénarisée par Duggan et Posehn reste agréable à la lecture mais très oubliable et avec 1000 fois mieux dans le même genre. Si vous voulez du super héros mainstream fun, décalé, et dans le même genre, lisez des comics de Keith Giffen par exemple, c’est plus cool. Et je peux citer 20 de noms de scénaristes à lire. Cependant si vous êtes décidé à lire du Deadpool, je vous conseille surtout deux runs.: le 1er est celui de Joe Kelly Et Ed McGuiness qui est la 1ere série sur le personnage ; quant au second, c’est le run de David Lapham sur la série Deadpool Max qui est de loin le meilleur comics Deadpool à être sorti.

Bref, passons au film.

Là ou le film est cool et rompt avec la plupart des comics Deadpool, c’est qu’il y a des enjeux et que l’on craint tout le long du film pour la vie du personnage et celles de ses proches. Et ça, c’est cool. Et ça, ce n’est pas dans les comics, et tant mieux, car 1h30 sans enjeux on s’emmerderait vite. On a évité d’en faire un Jack Sparrow trash (pour collégiens de 12 ans) de la Marvel. Je le signale car ça me fait marrer dans les ¾ des critiques vues et lues sur le film, il faut toujours qu’il y ait un lecteur de comics qui vienne valider la fidélité du film au comics ; ou alors, faut que la personne en début de critique dise qu’elle n’en a jamais lu comme s’il fallait s’excuser d’aimer ou non ce film alors que pour les autres films de super héros, on ne fait pas tout ce tintamarre.

Enfin, à part ça, revenons sur le fait que c’est un film de super héros ordinaire qui se survend tout le long comme je l'ai dit plus tôt. Pour cela, séparons cette idée en 2 points :

-C’est un film de super héros ordinaire. Lisse et propre comme les autres. Nul besoin de développer sur ce point. Simplement un exemple pour souligner ça: c’est qu’il n’y a aucun civil mort. Le film est interdit au moins de 12 ans donc il pourrait y en avoir, mais non. Les ponts sont remplis de voitures vides et les chantiers géants en construction n’ont ni ouvriers ni routiers. Je ne dis pas qu’il faut du mort pour du mort mais le film aurait pu être imaginatif et proposer des moments de morts trashouille ou cartoonesque, ou alors tout simplement filmer des civils fuyant les scènes de batailles.

-Pour cacher ça, encore une fois, il se survend tout le long. J’ai mille exemples mais je vous en donne deux :

Le 1er concerne sa tronche et l’histoire d’amour. Deadpool a une tronche horrible, il n’arrête pas de dire qu’il est dégueulasse, imbaisable et j'en passe, et l’enjeu tourne même autour de son vœux de choper son créateur pour que celui-ci lui refasse la tronche. On a droit à une punchline toutes les 5minutes pour dire qu’il a une tête horrible pour qu’à la fin son ex-femme l’embrasse sans problème et ne semble pas plus écœuré que ça. D’ailleurs, la seule prostituée que se tape Deadpool dans le film, c’est celle qui va devenir sa femme. Subversif ça.

Le 2ème exemple concerne certains passages où il parle au spectateur. C’est un bon commerçant, il survend bien ce qu’on voit à l’écran. On le voit planter ses épées dans un bad guy et là, il se retourne et dit au spectateur qu’il s’attendait à voir un film de super héros alors qu’il est en train de voir une belle brochette. Waaah que c’est subversif et original, ce n’est pas comme si Wolverine faisait la même chose dans chaque film Xmen. Si encore, notre héros avait transformé le bad guy en spaghettis avec ses épées ou s'il l'avait ouvert en deux, ok, cette phrase au spectateur aurait été honnête. Après, c'est sur que pour ceux qui ne connaissent que Jurassic World, Star Wars 7 et Avengers c’est dingue une scène comme ça, on voit un peu de seins et de sang, certes.

Et puis, tout le monde parle du 4ème mur brisé, comme si c’était nouveau ou exceptionnel dans un film de briser le 4ème mur alors que Belmondo chez Godard a fait ça il y a presque 60 ans, et depuis dans des milliers de films on retrouve ça. Et quand Malcolm le fait dans sa série personne ne dit que c’est formidable. Là, on dirait que les moutons récitent le discours prémaché des marketeux des studios de la Fox.