Le masochisme est un des traits qui caractérise peut-être le plus le spectateur cinéphile qui, parfois, dans un délire ou une démence passagère, s'échine à donner une chance à des films qui de par leur nature, et même de par leur production, ne présentent malheureusement que peu de chance de nous éblouir. A l'image d'un repas bien gras dans un "restaurant" Macdonald, les blockbusters américains nous inondent d'une graisse plaisante aux sens, nous octroient une jouissance vulgaire et passagère pour nous relâcher, l'estomac saumâtre et sucré, aux abords du cinéma comme hagards, enivrés d'un alcool frelaté et abrutis par une hypnose malhonnête. Deadpool 2 n'échappe malheureusement pas à cette loi d'airain, bien qu'il faille reconnaître au film une certaine efficacité dans la médiocrité, et même parfois un certain second degré particulièrement bienvenu dans ce qui est convenu dans le genre "comics", genre ô combien puritain et agaçant. Ici, point de scènes épiques, entrecoupés de musiques irritantes, agrémentés de dialogues pseudo-romantiques et flattant le traditionnel virilisme bêta, mais un manifeste pour la vulgarité, et quasi un cinéma expérimental en matière de nullité, de débilité et de conneries. Deadpool 2 n'est pas à proprement parler un film, mais un ballet où dansent sensuellement côte à côte la bêtise, la grossièreté et l'exubérance. Dans un feu d'artifices de jurons, de blagues de cul d'une lourdeur rarement égalée dans le genre et de fausses apartés convenues et déjà vues et revues, le film conte la revanche romantique du super-anti héros pour venger la mort de sa femme, lui qui ne peut ni mourir ni se blesser, afin de raisonner un jeune "mutant" et le remettre dans le droit chemin.
Comment dire que pourtant, le film parfois fait rire. Il ne fait pas rire parce qu'il est drôle, mais parce qu'il franchit une à une les limites de la décence et du sens commun. Ce n'est même pas qu'il est transgressif, tant l'humour pipi-caca, mêlant tous les fluides biologiques possibles, les plans sur les trous de balle, et pourquoi pas sur les bites, sont tellement recyclés. Pour être tout à fait honnête intellectuellement, le film est parfois sincèrement drôle, avec de belles idées, et ce à un seul moment : le générique. Le spectateur ayant envie de rire d'un rire sincère devrait s'arrêter là. Le rire qui s'ensuit n'est que factice, qu'un rire outrancier riant des outrances, un rire grossier riant des grossièretés. Malgré quelques personnages attachants, et pourtant si stéréotypés, le film ne parvient pas à franchir autre chose que le premier degré, et participe à la tentative d'abrutissement ambiant de notre société. Quelle tristesse. En sortant de la salle, le spectateur semble moins intelligent, amputé de quelques neurones et de points de QI. Quel imbécile avait donc dit que la culture rendait intelligent?