La question n'est pas tant de savoir si cette adaptation américaine est une adaptation fidèle de Death Note, dans le sens où insérer tout le scénario de l'anime en 1h30 est impossible, mais plutôt de voir sur quels aspects les scénaristes ont décidé de s'attarder. Ayant apprécié la version originale il y a quelques années sans l'avoir revue depuis, et me souvenant surtout du grand n'importe quoi de la deuxième moitié, j'étais enthousiaste à l'idée de me replonger dans l'univers à travers d'autres yeux. En dehors de détails absolument horribles, j'y ai ma foi pris beaucoup de plaisir.
Le personnage de Light est une variation intéressante par rapport à la version japonaise. Un jeune étudiant américain avec le sens moral du Light de l'anime aurait été difficile à intégrer dans le sens où la caractérisation du geek du campus peut être expédiée beaucoup plus rapidement car beaucoup plus familière dans l'imaginaire US. La principale contrainte d'une adaptation en film est de réussir à faire tenir l'histoire complexe (du coup énormément simplifiée) en un laps de temps très court, et choisir un personnage central aussi rebattu permet d'épurer le premier acte. Cela permet notamment de faire entrer Mia en scène de façon beaucoup plus rapide et logique en jouant sur le besoin de reconnaissance exacerbé du "héros", qui voit dans ses nouveaux pouvoirs un gadget plutôt qu'une responsabilité. On y perd en profondeur mais on y gagne en rapidité.
L est quant à lui superbement interprété par Keith Stanfield, qui lui prête admirablement sa douceur, son intensité et sa bizarrerie. Le casting est d'ailleurs plutôt réussi dans son ensemble, à l'exception du rendu de Ryuk qui faisait trop artificiel à mon goût mais que voulez-vous, on ne peut pas tout avoir ma bonne dame.
J'ai retrouvé avec plaisir les pièges des uns pour les autres, même si la connaissance de l'anime m'a probablement permis de combler les vides car je doute qu'un spectateur "vierge" trouve les déductions de L satisfaisantes en tant que telles. Il en va de même pour les règles, qui sont excitantes dans la structure qu'elles amènent mais que le manque de temps rend un peu frustrantes. On retrouve le Gambit Roulette obligatoire en fin de partie, et une fin "ouverte" manquant d'ambition mais évitant en même temps de se perdre dans des plans imbriqués de plus en plus invraisemblables.
Restent cette course-poursuite atroce, qui gâche complètement une tension plutôt bien construite, et un manque d'explications des enjeux globaux comme l'objectif de Ryuk ou le fonctionnement du passage de pouvoir du livre. L'un dans l'autre c'était une agréable retrouvaille avec l'univers de Death Note, mais un film qui sera vite oublié. Pour ma part je n'en demandais pas plus.