Après un attentat terroriste, un officier de l’ATF intègre une brigade spéciale dotée d’un atout particulier : une machine capable de regarder 4 jours dans le passé.


Déjà Vu (2006) est l’antépénultième film de Tony Scott, le petit frère de Ridley, un peu moins connu mais loin d'être dénué talent, en particulier dans la veine des films d’actions —Top Gun, Spy Game, ou encore Unstoppable—. Déjà Vu est donc un film d’action avec un twist de SF de facture très honorable, divertissant sans être un chef d’oeuvre.


La réalisation est assez efficace, reprenant l'esthétique glauque classique de Tony Scott, avec une palette de couleurs verdâtre/jaune pisse et un grain qui tâche très 80s. On sent un peu trop par contre que quand il fait péter son décors avec de gros effets pyrotechniques et qu’il le filme avec 5 caméras, il veut nous les caser toutes. Le cast est très honorable avec un Denzel Washington irréprochable —qui jouera ensuite dans les deux derniers films de Tony Scott : The Taking of Pelham 123 et Unstoppable—.



ZONE SPOILERS



Parlons maintenant du scénario, de l'inconnu Bill Marsilii et du vétéran Terry Rossio (Aladdin, les Pirates des Caraïbes ou encore Men in Black). Il est très divertissant — et je pense qu’il a forcément inspiré l'appréciable Source Code de 2011—, mais il n’échappe pas à la règle numéro 1 des films sur le voyage temporel :



Un film avec un voyage dans le temps sera (quasiment toujours) incohérent



Oui, car le voyage dans le temps, c’est bien connu, c’est la porte ouverte à tous les plot holes. Pourtant, étrangement, le film est assez pédagogique sur le sujet. Deux théories pour résoudre un paradoxe temporel sont mises en opposition : soit un voyage temporel peut modifier le cours des événements —en créant une timeline parallèle—, soit il ne peut pas le permettre, car si le passé s’est déroulé ainsi, c’est justement parce que quelqu’un est revenu en arrière.
Durant tout le film, tout pointe vers la seconde théorie, aka la fatalité ou le destin. Pour autant, à la toute fin, le passé change pour nous proposer une happy end.
En soit, c’est un peu dommageable, mais cela ne me choque pas : Déjà Vu est profondément révélateur de la mentalité américaine : le destin n’existe pas. Quand on veut, on peut, même si tout le monde te dit le contraire ou que c’est physiquement impossible. C’est un parfait exemple de l’aveuglement américain, qui veut à tout prix tordre le cou aux faits pour le faire rentrer dans son angle narratif exaltant la capacité de l’individu à faire ce qu’il veut. Et c’est fascinant. Le film aurait été Français, il n’y aurait pas eu d’happy end.


Ce que je reproche, c’est plus qu’on n’arrive pas à comprendre quand —à défaut de pourquoi— les actions de Washington commencent à modifier le passé. On a l’impression de manquer un moment crucial, une pièce du puzzle. Tout ce qu’il fait « ne sert à rien », et puis tout d’un coup… si.


Juste pour le mentionner, faut croire que Tony Scott ou les scénaristes ne savent pas qu'un écran et une caméra, ce n'est pas la même chose.


Bref, Déjà Vu est un film d’action saupoudré de SF divertissant et fort sympathique, et pour moi très révélateur de la manière dont les Américains perçoivent l’individu.

Bastral
7
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le 27 nov. 2018

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