L'ambiance urbaine. Le trafic. L'effervescence de la ville. L'oppression des immeubles. Et le stress de la vie métropolitaine et du monde contemporain, certes, joué ici en mode mineur, mais présent, tout de même. Le réalisateur Roger Michell parvient dans ce DÉRAPAGES INCONTRÔLÉS à capturer l’énergie d’une métropole. Même la musique de David Arnold, que l’on a pourtant connu plus inspiré chez Roland Emmerich ou sur la saga James Bond, apporte ses couleurs à ce paysage citadin.
Et puis un Samuel L. Jackson qui ne fait pas du Samuel L. Jackson, c'est parfois très appréciable. En face de lui, Ben Affleck, qui n’était pas dans sa période la plus glorieuse, donne plutôt bien le change, entouré par d’excellents acteurs dont le talent n’était alors plus à démontrer (Sydney Pollack, Toni Collette, Richard Jenkins).
Le film raconte la journée de merde de deux individus sur la brèche, et comment celle-ci révèle à chacun d'eux leur degré de dénie du rôle qu’ils jouent dans leurs problèmes existentiels. Le monde urbain devient ainsi l’expression de cet aveuglement qui les frappe. Ne parvenant à s’extraire de la circulation dense et des injonctions de leurs quotidiens, ces deux hommes se laissent emporter par elles, sans pouvoir prendre le recul nécessaire pour se corriger. C’est indéniablement l’aspect le plus intéressant du film.
Mais DÉRAPAGES INCONTRÔLÉS présente également une forte dimension morale. La quête d’équilibre. Se consoler en se persuadant d’avoir fait plus de bien que de mal. En cela, le discours tenu par Delano à Banek sur la morale est splendide de vérité. Malheureusement, les cinq dernières minutes réaiguillent le récit vers une conclusion plus sereine. Selon moi, le film aurait gagné à se clôturer sur le monologue de Gavin Banek à Doyle Gibson autour de cette perspective d’une autre vie, de cette voie de sortie que l’on se refuse, par lâcheté et/ou confort, à emprunter.
Malgré tout, il reste pour moi un très bon film.