Attention, cette bafouille peut contenir des spoilers ! Merci de votre compréhension.


Tout est dans le titre : le dernier train pour Busan, c'est celui que prennent les protagonistes du film avant que, manque de bol, une nana infectée entre juste avant la fermeture des portes et mette quelques minutes à propager l'invasion zombie, sévissant déjà derrière les vitres du TGV, de wagons en wagons...


Je ne vais pas y aller par quatre chemins : Dernier train pour Busan, c'est un peu le Mad Max Fury Road de cette année ! Du moins pour ces deux critères : premièrement, le film met un gros coup de pied dans les valseuses des autres "blockbusters" de cet été de merde ; et deuxièmement parce que Yeon Sang-ho imite George Miller en développant un propos ample au fil d'un film partant pied au plancher pour ne jamais ralentir jusqu'à son terminus (et la comparaison avec Mad Max Fury Road s'arrête là parce que le film coréen finirait évidemment par s'y brûler les ailes).


C'est ainsi que Yeon Sang-ho, venu par ailleurs de l'animation (avec des films déjà assez vénères sur la Corée), mélange film d'action survolté, invasion de zombies édifiante et critique sociale acerbe dans une même fuite en avant, sans jamais que l'un des thèmes bouffe dans la gamelle de l'autre. Pour ce qui est de l'action, le passif de réalisateur de film d'animation (ce qui implique un soin nécessaire au moindre plan d'un film) de Yeon Sang-ho lui permet une aisance et une virtuosité naturelles, maintenant une lisibilité et une fluidité incroyables dans des compartiments parfois minuscules mais dont on tire le maximum. En ce qui concerne les zombies, je ne vous cache pas qu'ils courent encore ici, ni que je n'aime généralement pas ça quand des morts-vivants en état de décomposition se prennent pour Usain Bolt ! Mais là où un Zack Snyder n'en tirerait qu'un moyen d'accélérer considérablement son film (Yeon Sang-ho est d'ailleurs fan de L'Armée des morts !), son confrère coréen trouve lui quelques astuces pour modérer judicieusement ses injections d'adrénaline, et renoue surtout avec les préoccupations sociales qu'y voyait un George A. Romero quand il conçut ces créatures.


Ce qui nous amène donc au troisième champ de Dernier train pour Busan : sa vision - encore une fois pas glorieuse - de la société coréenne. Avec ses multiples personnages tous succinctement mais efficacement présentés, comme dans les meilleurs films catastrophe, Yeon Sang-ho concentre dans ses wagons différents types de citoyens et observent leurs réactions face à l'invasion. Cette dernière étant par ailleurs maquillée en manifs par un gouvernement se gardant bien d'être honnête envers ses concitoyens... Et ce que Yeon trouve dans ses wagons, ce sont des personnages fort égoïstes (l'un d'eux décime même, au bas mot, la moitié de la population coréenne rien que pour sa gueule !), essayant de se laver de leur propre culpabilité, tels les parfaits rejetons d'une société particulièrement individualiste. Encore une fois, ce propos ne ralentit jamais l'action du Dernier train pour Busan ; au contraire, ce serait même dans ses passages les plus effrénés que la consternation du spectateur est à son max.


Donc cette année, entre le majestueux The Strangers et cet énervé Dernier train pour Busan, l'été 2016 aura été définitivement coréen ! Et ceux qui penseraient que, reproduisant les mêmes scories et ingrédients que des prods occidentales, Dernier train pour Busan ne montre rien de nouveau à l'Est, j'aurais envie de dire qu'à l'Ouest non plus, il n'y a rien de bien neuf. Donc tant que The Host fait des petits, je prends !

BastienMarie
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le 1 sept. 2016

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Bastien Marie

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