Allégorie du capitalisme

Dernier Train pour Busan est un mélange d'influence assez intéressant dans son ensemble. Un concept accrocheur, une patte coréenne indubitablement talentueuse et une utilisation intelligente des "codes" du "genre".

Mais, le film de Yeon Sang-ho est plein de petits défauts qui viennent ternir ce bien bon film. On retrouve une forme de manichéisme qui est, certes, presque nécessaire dans ce genre film mais qui là, force le trait surtout dans le personnage du PDG prêt à tout (on retrouve un peu le russe de 2012). Pas gênant sur le fond car il sert à la fois l'humour du film, très efficace tout au long ! Toutes les situations comiques font mouches. Et, il sert aussi la profonde cruauté du film tant entre les humains que sur la fin. Outre ce PDG, on retrouve toute une galerie de personnage qui sont bien connue : le sportif et sa copine, le couple avec la femme enceinte, la gamine qui permet à son père d'ouvrir les yeux, le clochard, la mamie, le conducteur héroïque, le contrôleur influençable...Une galerie bien connue mais qui dans l'ensemble est très efficace et sert le scénario. Aucun personnage n'est un poids à l'évolution du fil scénaristique et il faut avouer que c'est un beau tour de force. Sur le fond, il n'y a pas d'effet "Lori Grimes" comme dans TWD.

De plus, le film ne souffre strictement d'aucune longueur, c'est d'un dynamisme fou, d'une fureur exacerbée avec un nombre de rebondissements bien amenés, imprévisibles et le plus souvent cohérents. On peut noter tout de même une petite incohérence si je ne m'abuse et elle découle pourtant d'une super idée au départ :
L'idée que les infectés sont désorientés dans l'obscurité est, au delà du fait d'être originale, très intéressante pour le scénario car elle permet de donner de vraies bonnes scènes (certainement les meilleures !). J'ai trouvé tout le passage où les 3 compères doivent se rendre de la voiture 9 à 13 excellent, ingénieux et haletant. C'est très rythmé et musicalement très bon sur ce passage. Mais (et là je mets une balise spoil...oui) !

Ensuite, Dernier Train pour Busan manque peut-être un peu de génie pour casser vraiment la baraque. C'est certes haletant et très bien rythmé mais ça manque de puissance visuele. C'est pas une claque. Y'a pas de vrais risques dans la réalisation et pourtant y'avait pas mal de trucs qui auraient pu permettre la prise de risque visuelle. Là où Snowpiercer rattrapait une forme de répétition avec une image sacrément badass, Dernier Train pour Busan ne le fait pas. Et c'est bien dommages !

Mais dans son entièreté, Dernier Train pour Busan est une réussite qu'on regarde avec un énorme plaisir avec ces courts plans à la limite de l'absurde et très drôle qui précèdent des scènes d'une violence et d'une cruauté terrible par moment. Le film enchaine les scènes de violences et celles plus poétiques notamment dans la deuxième partie du film. Le dénouement est assez attendu mais rudement bien écrit et efficace. C'est anti-hollywood dans un sens et très hollywood dans l'autre. Le film oscille entre les codes du blockbuster de bases en passant par des vraies surprises qui font monter des "Oooooh" dans la salle tellement c'est cruel et profondément injuste.

C'est un des vraies bon film à voir notamment pour.....notamment pour tout. Car le film sait se rendre intéressant et très prenant. C'est un vrai plaisir à suivre. L'épopée furieuse et ultra jusque boutiste de ces "chanceux" est une vraie réussite. Car au delà de la fresque sociologique et psychologique sur l'humain (on va pas disserter là-dessus maintenant...), au delà de la galerie de personnages bien connue, le film est tout simplement super sympa. C'est cool ! C'est drôle ! C'est triste ! C'est badass ! Ça finit pas forcément bien, c'est bien écrit, bien filmé, bien scénarisé, bien joué, c'est intelligent, y'a des choix qui sont pas mal et qui changent de ce que l'on à l'habitude de voir dans les films avec des infectés. Et c'est pas parce que c'est coréen que je dis ça ! Je le dis parce que c'est bon et qu'au bout du compte : c'est foutrement originale !