Ancien criminel (et collaborateur par la même occasion), José Giovanni est devenu écrivain, puis scénariste pour un grand nombre de films. Le premier sera Le Trou (1960), film de Jacques Becker évoquant sa tentative ratée d'évasion à la prison de la santé en 1947. Giovanni commence alors une belle carrière où se côtoient Symphonie pour un massacre (Jacques Deray, 1963), Les grandes gueules (Robert Enrico, 1965), Le deuxième souffle (Jean-Pierre Melville, 1966) ou Le clan des Siciliens (Henri Verneuil, 1969). Succès aidant, il se lance dans la réalisation de la seconde adaptation de son roman Les aventuriers (1960), La loi du survivant (1967).
Parmi ses autres réalisations, on trouve Dernier domicile connu adapté du roman de Joseph Harrington (1965). Un film qui aura son petit succès (plus de 2,2 millions d'entrées), mais n'est pas forcément l'un des films les plus cités de sa vedette Lino Ventura sur la période 70's. Il faut dire que Dernier domicile connu baigne dans un pessimisme incroyable du début à la fin, au point de se demander s'il y a un quelconque espoir au cœur de ce film policier.
Ventura incarne un flic à qui tout réussi jusqu'au jour où il s'attaque à un trop gros poisson (le fils ivre d'un célèbre avocat). Disgracié, le personnage principal devient un guetteur de pervers dans les cinémas, ne valant plus grand chose pour sa hiérarchie. C'est alors qu'on lui propose enfin une affaire digne de ce nom : trouver un comptable devant témoigner durant un procès. Le cadeau semble empoisonné, tant les conditions sont mauvaises.
Inévitablement, des truands sont aux trousses de l'homme (et donc des policiers qui le cherchent) et il n'a que huit jours pour le trouver. Tout part contre Ventura et sa collègue jouée par Marlène Jobert. Giovanni ose même montrer l'ancien catcheur en fâcheuse posture, se prenant une dérouillée colossale par la bande de Michel Constantin, au point de penser qu'il va mal tourner. Dernier domicile connu ne fait aucun cadeau aux personnages positifs, leur donnant leur lot de désillusions jusqu'à un final terrible, véritable point de non-retour.
Lino Ventura apparaît plus faillible que jamais, tant moralement que physiquement, son personnage prenant tous les coups possibles et envisageables. Celui de Marlène Jobert est à peine mieux loti, appât pour les dégueulasses de Paname avant de découvrir les limites de la justice.
Dernier domicile connu est toutefois resté dans les mémoires grâce à la très bonne musique de François de Roubaix. Les plus attentifs reconnaîtront très rapidement certaines notes, puisqu'elles ont été samplé plus d'une fois par la suite. Le cas le plus connu est d'ailleurs un des plus gros tubes de Robbie Williams, le fameux Supreme (2000).
Dernier domicile connu est donc un sacré film policier, noir de bout en bout et avec des acteurs en grande forme (que ce soit le duo principal ou l'impitoyable Michel Constantin).