Désigné coupable par Olivier Antoine

Où l'on apprend que la grande prison de Guantanamo ne doit pas servir à grand chose.
A part ça, un film qui n'a rien de marquant, aucune tension ni atmosphère, 2h d'un doux ronron neurasthénique où les faits et les séquences s'enchainent... J'ai découvert les exactions commises à Abou Ghraib dans la presse de l'époque, de simples photos sur papier glacé, et l'article les entourant. En matière de capacité à vous indigner (ou à vous donner envie de vomir), c'est suffisant et ce ce film, bien que traitant d'un sujet annexe, n'ajoute rien, strictement rien. Au contraire en fait, il passe à côté du réel sujet.
Car finalement ça n'est que fugitivement qu'il nous permet d'observer que les personnes chargées de s'occuper des questions de politiques internationales aux usa ne comprennent pas le monde dans lequel elles vivent et, d'une manière générale, ne doivent pas comprendre grand chose à quoi que ce soit, de toute façon: le trauma du 11 septembre a donné lieu à un délire infantile de déchainement violent de représaille consistant à enlever des individus et à nier leur qualité d'être humain en les privant de liberté et en les contraignant à vivre dans un environnement absurde fait de grille, de chaîne, d'uniforme orange, de cellule métallique exigue, et cela n'a servi à rien, à rien du tout. L'état major, ivre de sa puissance, oublie simplement qu'il y a un problème complexe à résoudre au Moyen-Orient, enlève une quarantaine de personne dont on ne sait même pas si elles sont coupables de quoi que ce soit, les isole dans un coin dérobé et les passe à tabac pour se calmer les nerfs et satisfaire une nature un brin sadique on va pas se mentir. Et ça ne sert à rien à part à détruire la vie de quelques individus dont certains ne sont peut-être coupables de rien et quand bien même.

C'est ça le sujet, et il n'est pas sans intérêt, il est même puissamment subversif et dérangeant, mais le film passe complètement à côté avec son gentil biopic où le gentil s'en sort finalement et retrouve ses gentils amis. Ici c'est un Oliver Stone au meilleur de sa forme qu'il eut fallu, Kevin Mc Donald est très en dessous de l'enjeu.

Et comme la prison de Guantanamo, ça ne sert pas à grand chose si ce n'est, pour l'équipe du film, à vivre son égotrip de démocrate, comme le camp d'en face vit le sien en mode républicain. Et les moutons sont bien gardés, dans les salles de cinéma.