La vraie difficulté avec Détention secrète, c'est cette vague impression de déjà-vu. Je ne suis pas convaincu qu'un réalisateur se soit déjà frotté au programme Rendition mis en place sous l'administration Clinton, qui connaît un véritable renouveau depuis les vagues d'attentat ayant succédées au 11/09. Détention secrète se place un peu dans le même esprit que le dernier Peter Berg, Le Royaume, et savoure la victoire des tout-puissants Etats Unis d'Amérique face aux barbares de terroristes.

S'ouvrant sur une scène d'attentat vaguement similaire à celle vue dans Le Royaume, le réalisme de la caméra au poing en moins, Détention Secrète respecte -trop- les codes du genre et perd de son potentiel d'originalité. Certes, découper le film sous trois points de vue différents apporte un plus, on multiplie les cartes pour mieux les brouiller. D'un côté, on retrouve Corrinne Witman (Meryl Streep), responsable du programme Rendition qui donne l'ordre d'intercepter puis d'extrader Anwar El-Ibrahim (Omar Metwally), un ingénieur chimiste d'origine égyptien vivant aux USA, qui a eu pour seul malheur d'être au mauvais endroit au mauvais moment.

Une fois déporté au Moyen-Orient, El-Ibrahim est confié à la garde conjointe des services de renseignement locaux et leurs méthodes musclées, et du tout jeune agent de la CIA Douglas Freeman (Jake Gyllenhaal), qui devra faire face à sa conscience lors de certains interrogatoires.

Pendant ce temps, aux USA, sa femme Isabella (Reese Witherspoon) remue ciel et terre pour connaître la vérité, quitte à aller frapper aux portes des pontes de la politique, enceinte jusqu'aux yeux.

Enfin, on suit en parallèle l'histoire de la fille du chef des services secrets locaux. La seule grande originalité du film réside d'ailleurs dans un subtil décallage temporel dont le spectateur ne prend conscience qu'a la fin du film, offrant à la fois surprise et satisfaction.

Film agréable mais sans grand intérêt, Détention secrète se laisse regarder sans apporter beaucoup au débat. On en viendrait presque à regretter qu'en fin de film on ne nous assène pas l'usuelle morale en blanc sur fond noir qui aurait pu dire quelque chose comme : "Depuis 12 ans, le gouvernement des Etats-Unis d'Amérique est suspecté d'avoir pris part à la disparition de 114 personnes à travers le monde". Mais nous ne sommes plus vraiment à une déception près...
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le 28 sept. 2010

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Brice B

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