Ce papier est écrit sous la colère et se revendique comme tel : un mouvement d’humeur destiné à faire réagir. Ecrit en une nuit pour mes confrères critiques dont j’ai lu les fines pensées, définitivement déconnectés politiquement. Je leur offre un exemple d’analyse éthique. Vous pouvez prendre des notes et avec un peu de chance nous verrons bientôt fleurir des critiques se rappelant enfin qu’images, comme mots, font sens et pas forcément celui qu’aurait souhaité la réalisatrice.
Cette année est décidément celle de la descente en règle du mythe américain contemporain. Le génial et lapidaire Un jour dans la vie de Billy Lynn avait donné le ton en février en écrasant avec brio toute une rhétorique nationaliste dont les fondements ont traversé les siècles depuis leur pêché originel (le génocide des populations autochtones) mais qui a pris de nouvelles couleurs à la disparition de l’URSS et changé de parure après le 11 septembre. Le sang s’est, lentement mais surement, retiré du système sanguin que représente les états fédérés, maintenus artificiellement vivants depuis la guerre civile. Aujourd’hui l’avenir, pour les acteurs de cette comédie (les militaires comme Billy Lynn), est loin du pays. Les soldats sont les premiers touchés mais le show est entrain de s’étioler. Le « There’s no place like home » de Dorothy Gale au fin fond de son Kansas natal parait incroyablement loin. Aussi irréel que le monde d’Oz, vague comme un mauvais rêve fiévreux.
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