Ce papier est écrit sous la colère et se revendique comme tel : un mouvement d’humeur destiné à faire réagir. Ecrit en une nuit pour mes confrères critiques dont j’ai lu les fines pensées, définitivement déconnectés politiquement. Je leur offre un exemple d’analyse éthique. Vous pouvez prendre des notes et avec un peu de chance nous verrons bientôt fleurir des critiques se rappelant enfin qu’images, comme mots, font sens et pas forcément celui qu’aurait souhaité la réalisatrice.


Cette année est décidément celle de la descente en règle du mythe américain contemporain. Le génial et lapidaire Un jour dans la vie de Billy Lynn avait donné le ton en février en écrasant avec brio toute une rhétorique nationaliste dont les fondements ont traversé les siècles depuis leur pêché originel (le génocide des populations autochtones) mais qui a pris de nouvelles couleurs à la disparition de l’URSS et changé de parure après le 11 septembre. Le sang s’est, lentement mais surement, retiré du système sanguin que représente les états fédérés, maintenus artificiellement vivants depuis la guerre civile. Aujourd’hui l’avenir, pour les acteurs de cette comédie (les militaires comme Billy Lynn), est loin du pays. Les soldats sont les premiers touchés mais le show est entrain de s’étioler. Le « There’s no place like home » de Dorothy Gale au fin fond de son Kansas natal parait incroyablement loin. Aussi irréel que le monde d’Oz, vague comme un mauvais rêve fiévreux.


Lire la suite...

Hétérotopie
1
Écrit par

Créée

le 13 oct. 2017

Critique lue 519 fois

5 j'aime

5 commentaires

Hétérotopie

Écrit par

Critique lue 519 fois

5
5

D'autres avis sur Detroit

Detroit
Sartorious
5

Un réalisme bien artificiel

Singer le style documentaire en recourant à la caméra portée, mêler les images d’archives au récit pour insinuer l’idée d’une continuité entre les évènements mis en scène et la réalité historique,...

le 12 oct. 2017

62 j'aime

9

Detroit
Shezza
5

De l'hyper-visibilité pour un manichéisme malsain

Je suis sortie de Detroit avec un goût de malaise dans la bouche, sans vraiment savoir quoi penser de ce que j'ai vu. Ce sont mes pérégrinations sur Internet post-séance, et une bonne nuit de...

le 15 oct. 2017

42 j'aime

11

Detroit
Behind_the_Mask
7

Chauffé à blanc ?

Le cinéma de Kathryn Bigelow, on en connait la force. Surtout depuis Démineurs et Zero Dark Thirty. La réalisatrice récidive ici, avec Detroit. Pas étonnant, me direz-vous, vu que Mark Boal a été...

le 13 nov. 2017

40 j'aime

9

Du même critique

Sauvage
Hétérotopie
6

Contre la normalisation

Dans les années 70, alors que bat son plein ce que l’on appelle communément la “Révolution sexuelle”, ont fleuri des revues et des journaux militants homosexuels, transgressifs et provocateurs. À la...

le 29 août 2018

7 j'aime

Moonlight
Hétérotopie
5

Frustration plastique

Au sortir d'un tel film, difficile de réellement séparer le fond de la forme. Son importance politique n'est pas sauvé par la plastique de l’œuvre, d'une relative médiocrité. Relative car elle a le...

le 6 févr. 2017

7 j'aime

Adonis
Hétérotopie
5

L'objet du désir

Il est de ces films qui, en dépit de leurs défauts et de leur inachèvement manifestes, exercent néanmoins un charme discret sur le spectateur, de par une très grande naïveté dans la réalisation de...

le 7 oct. 2017

6 j'aime

1